Beaulieu-sur-Mer

A ma gauche Beaulieu, à ma droite, St Jean. Devant moi, la vue sur le Cap Ferrat, la baie des Fourmis, bref, la vision enchantée d’une Riviera qui n’a abdiqué son nom. C’est le lieu parfait pour attendre la fin du monde, ou voir la palote équipe de Raymond Domenech prendre la pilée (ou la pâtée) devant la fringante Afrique du Sud, heureuse chez elle. Dommage pour Gourcuff, expulsé pour pas grand chose et qui ne méritait pas ça…

Mais il s’agit ici de reprendre vie. A Beaulieu-sur-Mer, si joliment nommée, on respire à un autre rythme. Et, depuis le 3e étage de la Réserve, face au grand spectacle de la mer et de la roche prenante, le monde entier vous contemple. Pas seulement les poissons. L’air s’essouffle, les bateaux se figent. Michel Déon, dans « Mes Arches de Noé » (La Table Ronde, rééd. Folio), évoquait ses étés heureux, sur la plage de Passable, si proche, dans la complicité de Jean Cocteau et de Somerset Maugham. C’était il y a près de trois quarts de siècle.

St-Jean-Cap-Ferrat

On se dit que le village de St Jean est bien le même, avec ses belles demeures cachées, dont celle qui appartint à David Niven sur la promenade, ou celle d’Hubert de Givenchy, ou encore la belle demeure des Lapostolle de Grand Marnier, sans omettre le domaine Ephrussi de Rothschild. Il y a encore un air de village provençal comme avant, avec ses bateaux de plaisance sur son port jouet. Et l’on encore que Beaulieu, qui joue les coquettes sans âge, mérite son nom, que sa discrétion est coutumière, que la Villa Kérylos, ce rêve grec bâti par le baron de Reinach mérite à elle seule le voyage.

Tout à côté, les Delion qui, possèdent, on le sait, la Pinède tropézienne, ont fait de leur Réserve « le » palace d’entre Nice et Menton, avec un service hors classe, une sobriété qui confine à la modestie, avec sa piscine qui semble plantée en mer, bref, sa justesse de ton de tous les instants, qui triomphe du temps et des modes. On en reparlera vite.