Les émotions en Champagne, la suite, d’Arnaud Lallement
Il y a deux ans pile, il nous livrait ses Emotions en Champagne, avec l’oeil du photographe Matthieu Cellard et la plume de Louise Labourie. Cette fois, il revient avec de nouvelles émotions, un nouveau compagnonnage, toujours les photos de Mathieu Cellard, mais les texte et les idées du gourmand Philippe Toinard. Dans ce grand livre beau et sobre, coloré et jamais redondant, juste et éclatant, comme le sont les assiettes vibrantes de sa table trois étoiles de Tinqueux, Arnaud Lallement exprime toute sa générosité grande, sa créativité sans chichi, sa sobre lucidité, sa vraie malice, son intelligence narquoise, son authenticité non feinte, bref tout ce qui colle, sans strass ni falbalas, à son terroir champenois et aux vignerons qui l’animent. Sans lui connaîtrions-nous le champagne Marie Courtin de Dominique Moreau, comme celui des Collard-Picard, de Louis Casters ou encore de Benoît Déhu? Le chef épanoui, qui travailla jadis chez son père, entre Chalons-sur-Vesle et la banlieue rémoise, est devenu le chantre de son pays finalement méconnu. Arnaud sort des sentiers battus, joue les défricheur, fait découvrir ceux qui l’épatent et l’éblouissent entre Aube et Marne, parages de l’Aisne et côte des Bars, marie le homard bleu au butternut et le turbot à la carotte, la sole aux salsifis (et royalement à la truffe banche), le boeuf du voisin meusien Polmard et le caramel frotté aux agrumes de Bachès. Magicien prodigue, Arnaud Lallement joue ici le champenois d’élite, à la fois modeste et serein, sûr de son art, précis et formidablement enraciné dans une région qui lui a tant donné et dont il joue, sans faux semblant, le porte-parole vibrant.
Emotions en Champagne – la suite d’Arnaud Lallement, photos de Matthieu Cellard, textes de Philippe Toinard (Editions de la Martinière, 416 pages, 49,90 €).