L’évangile selon Tobie

Article du 11 octobre 2018

De Tobie Nathan, on connait au moins un thriller politico-historique (« Qui a tué Arlozoroff?« ), qui invoquait les mannes de Martha Goebbels et les sbires nazis de son mari pour expliquer la mort mystérieuse de son amant et fondateur du sionisme, Viktor Alozoroff à Tel Aviv, et le plus récent « Ce pays qui te ressemble », qui évoquait son Egypte natale depuis le ghetto du Caire et bien plus. Avec l’Evangile selon Youri, cité sur la liste des Goncourt (la 1ere et la 2e), il met en scène un ethnopsychiatre qui lui ressemble, prénommé Elie, exerçant dans le 5e, à, Paris, recevant, écoutant, prenant en main des migrants tous passionnés dont l’étrange et séduisant Youri, tout petit roumain, né des amours d’une jeune gitane et d’un juif de Cluj, doté d’étranges pouvoirs. Tandis qu’Elie un brin désabusé, reprend goût à la vie, notamment au contact de ses patients, Youri accomplit des miracles, déjoue des attentats, sauve le président, fait des disciples, promeut ce qui ressemble à une nouvelle religion. On n’en dira pas plus. Ce roman est à la fois un conte, une fable, un roman riche de héros colorés dans un Paris miné par la peur où ils sont porteurs d’espoir. C’est vif, habile, troublant. Tobie Nathan, lui, s’y révèle en conteur malicieux, jouant avec ses personnages secondaires, ce fripier prénommé Samuel, ce poète toujours prodigue en jolis vers, ce professeur riche en belles leçons ou la mystérieuse Avril à « la beauté de léopard noir, à la démarche aisée, à la puissance terrible ». Tobie Nathan, notre conteur oriental du XXIe siècle, a le propos dru, la verve convaincante, la démarche optimiste. A ne pas laisser filer en ces temps noirs…

L’évangile selon Youri de Tobie Nathan (Stock, 299 pages, 19,50 €).

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Publié le 11 octobre 2018 par

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