Yam 7
« Herzliya : Yuri le magnifique »
C’est toujours la Rolls des restaurants de plage aux abords de Tel Aviv : au pied du Dan Accadia, mais tout à fait indépendant, avec son accueil féminin charmant, son service toujours alerte, quoique gentiment débordé, ses prix sautillants, sa cuisine malicieuse, vive, sérieuse, probante, signée du discret Yuri Senchuk, présent aux fourneaux depuis sept ans déjà . On soupçonnait, lors de notre dernière visite, qu’un « vrai chef » se cachait là , avec ses idées fraîches, judicieuses, son vrai coup de main, imprimant une direction sérieuse à ce qui pourrait n’être qu’une banale table en vogue de bord de mer, comme il y a tant.
Le dit Yuri, qui est russe, ne parle ni anglais, ni français, a appris le métier en Israël, travaille avec sérieux des produits de qualité, cuisine avec une malice très polyglotte des mets épicés qui plaisent aisément à tous. La salade thaï aux crevettes, calamars et papaye, le carpaccio de poisson du jour à la crème d’avocat et relevé d’oignons, radis et yuzu, les calamars sautés avec tomates, oignons, coriandre, feuilles de chou kale, pâte pimentée ou l’aubergine brûlée avec sa tehina (pâte de sésame), un rien de miel et de sauce chimichurri qui est un modèle du genre, font partie des hors d’oeuvre à se partager façon tapas.
Le rosé du Castel d’Eli Ben Zaken, issu de merlot, cabernet sauvignon, malbec, d’un fruité acidulé sans faille, passe là -dessus avec aisance. On ajoute les plats de résistance fort sérieux tels que le bar entier juste grillé servi avec ses haricots verts craquants, les exquises crevettes au curry, le risotto aux champignons, le « mix grill » de fruits de mer (moules, crevettes, crabe, anchois, sauce bisque), joliment épicés, le remarquable fish & chips au poisson chat avec ses frites de patates douces, sa mayonnaise épicée, sa sauce tartare, et l’on dit qu’on a fait là un repas de fort belle allure.
On n’oublie pas cependant que le sérieux Yuri s’affirme comme un expert ès sucré avec cette exquise crème brûlée démoulée et glacée dite « Rosa » servie avec des cerises amarena. Ni d’adresser un coup de chapeau au pain maison craquant et chaud, mi-pita, mi-fougasse, à tremper dans l’huile d’olive et son condiment pimenté. Un double régal à ne pas manquer!