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La maison de ruines de Ruby Namdar

Article du 4 septembre 2018

Comment écrire un grand roman juif américain façon Saul Bellow (Herzog), Philip Roth (la série des Zuckerman), sans omettre Potok (l’Elu) ou même Malamud (The Fixer), alors qu’on est né à Jérusalem, issu d’une famille juive iranienne, mais professeur de littérature juive à l’Université de NY et spécialiste des études bibliques ? Ruby Namdar y parvient sur plus de 500 pages en racontant la crise de la cinquantaine de son héros. Ce dernier, Andy Cohen, est, lui, juif ashkenaze, 100% new-yorkais, universitaire brillant, auteur d’essais et d’articles à succès, propriétaire d’une maison à Cap Cod, d’un bel appartement dans l’Upper West Side, divorcé, mais jouant la belle entente avec son ex femme Linda, leurs deux filles, dont son aînée Rachel, filant le parfait amour secret avec une ex étudiante Anne-Lee, plongeant pourtant dans la crise, quand la promotion qui lui est promise, lui échappe. Il fait des cauchemars où se mêlent les récits de l’holocauste et ceux de la destruction du temple de Jérusalem, se replie sur lui-même, réalise le ridicule de la vie mondaine new-yorkaine, de ses bars, de ses galas, de ses cocktails. Tout cela s’intercale en long chapitres qui prennent leur temps, à la fois pédagogiques, explicatifs, avec, intercalés, des récits issus de la Bible, commentés par le Talmud. C’est sans doute long, trop long, mais on s’attache vite aux personnages, comme aux obsessions du héros, y compris culinaires (il se veut gourmet d’élite, cuisiner de talent, œnologue fervent en même temps qu’intellectuel de haute volée), jusqu’à sa chute et sa rédemption. Voilà un premier roman fort, bouleversant, malgré ça et là ses boursouflures. Qui est l’un des événements sûrs de la rentrée.

La Maison de Ruines de Ruby Namdar (traduit de l’américain par Sarah Tardy, Belfond, 550 pages, 23 €).

A propos de cet article

Publié le 4 septembre 2018 par

La maison de ruines de Ruby Namdar” : 1 avis

  • ERIC

    Vivement sa parution le 9 septembre, Prix SAPIR 2018, équivalent israélien de notre Goncourt ou du Pullizer.

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