La Fabrique à Bretzels
« Gundershoffen : la fabrique à bretzels »
Le ou la bretzel : l’un ou l’autre se dit ou se disent. L’essentiel est que la chose se croque délicieusement. A l’origine, une légende du XVe siècle : celle de ce boulanger de Bouxwiller nommé Dorebäck, condamné pour avoir critiqué la maîtresse du comte Jacques de Lichtenberg dit Jacques le Barbu. On le condamne à la pendaison au voisin Bastberg. Mais la dite maîtresse se prend de pitié pour le boulanger, le fait gracier par le comte à la condition qu’il invente un gâteau à travers lequel il serait possible de voir trois fois le soleil. Lorsque le boulanger se lamente en prison en s’imaginant sa mission impossible, le jeune Jörg Bellstein, d’une force peu commune, issu du proche village d’Uttwiller, qui fait partie de la gare du comte, entend les pleurs du boulanger, tord les barreaux de sa prisonet les lui tend en forme de bretzel. « Dorebäck » (que l’on pourrait traduire par « pain doré ») a ainsi l’idée de son pain aux trois orifices.
Mais les légendes varient et l’on fait remarquer que son ancienneté daterait du XIIe siècle si l’on s’en réfère au Hortus Deliciarium, ce code des délices alsaciens, qu’on retrouve au Mont Saint Odile près d’Obernai, trônant sur la table de noces royales et sur la desserte de celle-ci. Il figure encore dans une pétition municipale de Strasbourg au XVe siècle autorisant les boulangers à les confectionner huit jours avant et après la Saint-Martin. Il restera l’apanage des boulangers autorisés à la confectionner trois fois par semaine.
Pâte levée craquante, qui est l’ami de la bière, la complice des apéritifs alsaciens au muscat ou crémant, le bretzel s’est beaucoup diversifié depuis son origine. Craquant ou mou, chaud ou froid, en pâte (issu de levain, avec huile, sel, eau, farine, sel), en sticks et en minis bretzels, ou même en chocolat au lait ou noir, relevés de fleur de sel, comme chez Boehli racheté par Edouard Meckert en 1998, qui a créé, avec sa Fabrique à Bretzels de Gundershoffen, un véritable musée du genre, avec ses panneaux pédagogiques, rappelant l’origine de la maison, dans la boulangerie familiale de Grumbrechthoffen, son tunnel à bretzels, long de vingt mètres, son coin bar, sa boutique joyeuse.
On vient là apprendre, s’entendre raconter la saga maison, le sauvetage de l’entreprise par le roi du bio de la région. Et on fait emplette de mini-bretzels ou sticks en boîte collectors, sachets géants, voire magnets ou objets de déco. Sans omettre de se prendre en photo avec un bretzel géant. Savoureux, drôle, instructif et pédagogique!