Portrait de l’artiste en citadin indécrottable

Article du 21 mars 2011

Le Silence de la ville, de Guy Konopnicki

Il a touché à tout: la politique, le roman (« Au bon chic ouvrier »), la série noire (« Pas de kaddish pour Sylberstein »), l’essai (« la place de la Nation », « Pour en finir avec la France éternelle »), le pamphlet (« éloge de la fourrure »), a démarré dans la vie publique comme responsable des Etudiants Communistes – il était, alors, le big boss de l’UEC, il y a prescription, il était très stalinien, dur en négociation, sectaire comme pas deux, je m’en souviens, j’étais à la même table, mais juste en face, pour les Etudiants Socialistes, c’était aux lendemains de mai 68, autant dire dans une autre vie… Et j’ai avec lui plus que quelques liens de cousinage… Son oncle possédait Somotex, un magasin de confection en haut de la Fournirue, à Metz, alors que ma mère se trouvait tout en bas, rue du Grand Cerf.

Bref, quand je parle de Guy Konopnocki, je suis tout sauf objectif. Mais je l’aime bien le bougre, qui joua les écolos d’occasion, les éditorialistes en biais à Globe et à Marianne, se fia à sa vérité en se moquant de celle du Parti qui le nourrit de son bon lait. Mais, quand il nous raconte sa vie, comme ici, de professeur en rupture de contrat, d’écrivain à la petite semaine, de vendeur d’articles au détail et en gros, quand il évoque sa ville, son père décorateur, qui peste contre les vitrines standardisées, quand il nous conte ses banlieues, il y a du René Fallet, Jean-Paul Clébert, du André Hardellet, du Doisneau, la gouaille au coeur, qui se faufile ici entre les lignes.

Au gré de son récit alerte, l’herbe pousse encore entre les pavés dans une ville qui a su garder ses airs de campagne. « Konop’  » est capable de nous faire marcher derrière lui, avec patience, passion, minutie, ferveur, de la porte de Champerret à la porte de Vincennes. Il traverse l’histoire, le demi-siècle au moins, évoque un Paris de chauffeurs de taxi râleurs, la clope au bec, un Paris de pavés ronds et de zincs poétiques. Avec ce livre/confession qui se dévore, se prête se relit, il apporte sa pierre à une ville qui cherche ses racines.

Le Silence de la ville, de Guy Konopnicki (Hugo et cie, 172 pages, 15 €).

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Publié le 21 mars 2011 par

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