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Les chuchotis du lundi : l’envol de la Girafe, clap de fin au Coq de la Maison Blanche, après Bizet l’Orangerie continue, un Paris-Brest en gare de Rennes, retour chez Floderer, Tour Eiffel la guerre s’enlise

Article du 30 juillet 2018

L’envol de la Girafe

Laurent de Gourcuff et Gilles Malafosse © GP

Après Monsieur Bleu, au Palais de Tokyo et Loulou, dans le Musée des Arts Décoratifs, voilà, au sein de la Cité de l’Architecture, le troisième triomphe du duo Laurent de Gourcuff/Gilles Malafosse, le premier, roi de l’événementiel, dirigeant le groupe Noctis, associé à Accor, le second,  restaurateur à part entière, qu’on vit chez Petrus place Péreire, et qui co-dirige, avec papa Jacques, le Flandrin dans l’ancien buffet de gare de l’avenue Henri Martin. On retrouve là la même déco raffinée signée Joseph Dirand, donnant un chic neuf et éternel à la fois, à un monument français. En prime: une terrasse avec sa vue à 180° sur la Tour Eiffel, en ligne de mire depuis la terrasse du Trocadéro. Au menu, un service élégant et précis sous la houlette de Mathieu Foureau qu’on vit jadis au Crillon, puis chez Thoumieux époque Jean-François Piège, plus une cuisine marine fine et soignée qu’exécute Benoit Dargère, vu chez Loulou, et qui, ici, donne dans la fusion bien comprise. C’est vif, frais, tonique, végétal, iodé, et cela fait un tabac dès son ouverture discrète. Pour tout savoir, cliquez là.

Clap de fin au Coq de la Maison Blanche

Souvenirs du Coq et d’Alain François © AN

Le Coq de la Maison Blanche à Saint-Ouen? Une institution gourmande en banlieue qui semblait éternelle. La salle a manger années trente revue années cinquante, où l’on s’attendait à tout instant à voir arriver Jean Gabin et Lino Ventura entre deux prises de « Touchez pas au grisbi », sonne le clap de fin. Le vertueux Alain François qui accueillait de façon seigneuriale une coupe de champagne à la main, en costume classique un peu de guingois, a rendu son tablier et vendu sa belle maison que fréquentaient les hommes politiques de la banlieue rouge, comme les « puciers » de Saint-Ouen, les marchands de brocante voisins et quelques bourgeois avertis. On regrettera la carte d’un « tradi » classique, le splendide fromage de tête, le rituel coq au vin, la fringante tête de veau entière sauce tortue, comme le « simple » bourgogne aligoté signé Jean-François Coche-Dury. Alain François, patron bonhomme, si humain, ne tournera plus dans sa salle où il régnait en seigneur. Salut l’artiste !

Après Bizet, l’Orangerie continue

Maxime Frédéric © GP

David Bizet a quitté l’Orangerie, la table étoilée du patio du Four Seasons George V, qui jouxte le Cinq de Christian Le Squer et fait face à l’italien George où la carte est signée Simone Zanoni. Mais qu’on se rassure: l’Orangerie continue. Certes, Bizet est parti avec quatre de sers adjoints rejoindre le Taillevent des Gardinier de la rue Lamennais. Mais rien n’a été laissé au hasard. Christian Le Squer a mis en place un de ses seconds qui continue sur la lancée de David Bizet : crabe royal et eau de citron, oeuf de poule fumé, caviar et cresson, rouget confit et concentré torréfié aux courgettes violons, ris de veau laqué à l’artichaut, réglisse et oxalis restent au programme. Surtout, le pâtissier lancé par l’Orangerie, qui est devenu le maestro sucré du George V et le meilleur de son registre à Paris, le jeune Maxime Frédéric, demeure en fonction assurant la permanence des trouvailles sucrées de la demeure. Avec, toujours en vedette, la fameuse fleur de vacherin aux framboises et le croustillant vanille aux céréales maltées. Un signe que la continuité est au programme.

A Rennes, le Paris-Brest arrive en gare

Eric Beaumard et Christian Le Squer © GP

Finalement, ce sera « Paris-Brest ». Tel est le nom choisi par Pierre Ruello, fils de René, ex président du FC Rennes, et propriétaire d’une bonne vingtaine d’hôtels et brasseries dans sa région rennaise, en compagnie de son associé Christian Le Squer, pour leur future brasserie qui trônera en fin d’année (ou en début de l’an prochain, si les travaux durent) dans la gare TGV de la  préfecture d’Ille-et-Vilaine La carte des vins, établie par le breton, natif de Fougères, vice meilleur sommelier du monde, et directeur du restaurant le Cinq, Eric Beaumard, jouera l’éclectisme comme le bon rapport qualité. Et les mets signés du gars Christian, originaire de la Ria d’Ethel près d’Hennebont en Morbihan, viseront le terroir régional rajeuni et allégé. Allez les Bretons!

Retour chez Floderer

Le « nouveau » décor de Floderer © GP

Comme avant, mieux qu’avant, avec l’aide du décorateur John Weland, qui s’inspire des ateliers Art Nouveau viennois et a déjà transformé le Flo Reims en Excelsior façon brasserie 1900, Jean-Noël Dron a revu l’historique brasserie Flo de la rue des Petites Ecuries, proche de la Gare de l’Est en lieu à l’ancienne, chic, beau, boisé. La demeure, qui fut, à partir de 1968, le premier maillon du groupe Flo, créé par Jean-Paul Bucher, revient ici à ses sources, avec ses panneaux de bois ornés de marqueteries dédiées à la bière. Elle retrouve également son nom d’origine, Floderer, d’après le patronyme de son premier propriétaire qui la créa en 1909, avant de raccourcir son nom en Flo en 1918, il y a pile cent ans. Dron, qui possède, à Strasbourg, la Maison Kammerzell, le Café Brant, la Chaîne d’Or, l’Alsace à Table, la Brasserie Max, Flo, rue de l’Outre, la winstub le Clou et le Café Broglie, et a repris, à Nancy, sa ville natale, le fameux Excelsior, ne s’arrête pas là. Il s’apprête à relancer la Brasserie Julien, de la rue du faubourg Saint-Denis, qui rouvrira le 21 août après travaux et proposera une formule de bouillon populaire, dans un cadre Art nouveau, inspiré de Mucha, à l’image de ce qu’il fut lors de sa création.

Tour Eiffel : la guerre s’enlise

Alain Ducasse © GP

Mauvais perdant, revanchard, sûr de son fait, Alain Ducasse n’a pas dit son dernier mot dans l’affaire de la Tour Eiffel. On sait que depuis deux ans la guerre fait rage entre Elior (allié à Ducasse) et Sodexo (uni avec Frédéric Anton pour le Jules Verne et Thierry Marx pour la brasserie et la sandwicherie). La seconde équipe qui l’a emporté a, semble-t-il, était plus convaincante en voulant renouveler l’offre maison. A la fois la moderniser et en relooker l’image. Dans un long communique envoyé à la presse, la SETE (société d’exploitation de la Tour Eiffel), dirigée par Anne Yannic a insisté sur le fait que la victoire de l’équipe Sodexo/Anton/Marx plus la société UBUDU, spécialisée dans les flux et gestion de visiteurs, a proposé un investissement supérieur de 90 % à la concession précédente (soit 25 millions d’euros), tout en s’appuyant sur une refonte architecturale des lieux, avec le trio Alina Asmar, Nicola Delon et Ramy Fischler, s’appuyant, en outre, sur une démarche environnementale luttant contre le gaspillage et la reconversion des déchets. Certains font remarquer qu’Alain Ducasse a eu tort de s’avancer seul contre ses deux collègues étoilés, unis pour l’occasion, alors qu’il aurait pu s’associer par exemple au jeune Akrame Benallal pour le côté sandwicherie et la brasserie. D’autres font remarquer que les rapports que Ducasse et de la SETE, représentée par Anne Yannic, étaient devenues difficiles et que cette dernière voulait « à tout prix » que cela change. Sentiment évidemment démenti par les services de communication de l’intéressée. A notre confrère le Figaro, samedi, Anne Yannic confiait: « Nous ne faisons pas un appel d’offres pour choisir un chef. Nous sélectionnons un partenaire pour l’ensemble des prestations de restauration. On ne peut réduire le débat au seul Jules Verne. Nous ne sommes pas le Guide Michelin. » Alain Ducasse, qui avait fait appel de la décision de la SETE qu’il juge « entachée de favoritisme« , demandant un référé pour casser la procédure., va-t-il en rester là?

Les chuchotis du lundi : l’envol de la Girafe, clap de fin au Coq de la Maison Blanche, après Bizet l’Orangerie continue, un Paris-Brest en gare de Rennes, retour chez Floderer, Tour Eiffel la guerre s’enlise” : 5 avis

  • Jean

    Merci du renseignement.

  • Noluoc

    RIVER CAFE: à fuir absolument.
    Si un premier passage ne m’avait guère convaincu, le second fut bien pire.
    Service long et incompétent ( le verre de vin commandé arrive servi sans sa bouteille avec des éclats de bouchon), intitulés des plats ronflants, mais le ramage ne vaut pas le plumage….au départ, une kyrielle de jeunes gens alignés et désoeuvrés.
    Pour les gogos d’Issy et d’ailleurs! !

  • Claude solarz

    Bonjour, je tiens a vous informer de la suite du Coq de la Maison Blanche, le chef et son équipe dès septembre officieront Aux CHANTERAINES a Villeneuve La Garenne en accord avec notre ami Alain Francois qui créa ce 2ème restaurant. Au plaisir de s’y croiser.

  • Gérard Poirot

    Le Coq de la Maison Blanche hébergea le traditionnel repas du Club de la Tête de Veau, donné le 21 janvier pour célébrer la décapitation de Louis XVI sur la place de la Révolution, arrosé ce soir-là de deux bouteilles de Corton Charlemagne de Coche-Dury, grâce à Jean-Claude Ribaut. On s’en souvient avec émotion et on n’oubliera pas non plus la gentillesse d’Alain François, que vous avez bien croqué.

  • FLORENTIN

    L offre doit être renouvelée !

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