Jacopo
« Paris 8e : Thibaut, Jacopo, Alex et les autres »
Voilà la neuve adresse aux Champs du « toutou Paris » qui bouge. Aux commandes, Alex Brill, jeune et gourmand entrepreneur franco-russe, qui possède Yeeels, avenue George V, a doublé la mise avec cette table aux accents « bistronomiques ». La carte est placée sous la houlette de Thibault Sombardier. L’ex-star de Top Chef (il fut finaliste 2014), étoilé chez Antoine avenue de New York, sur les voisins quais face à la Seine, aubergiste popu à son compte, dans le 19e, à l’enseigne de Mensae, jadis passé chez Alain Dutournier – il fut le chef du Trou Gascon – en est le conseiller culinaire.
Nous sommes là rue Vernet, angle Bassano, dans un discret immeuble haussmannien, juste en face au cabaret Raspoutine, à quelques mètres des Champs-Elysées et du métro George V. Le nom Jacopo vient de Bassano (peintre de la Renaissance qui a donné son nom à la rue), même si la cuisine proposée n’est pas italienne, mais bien française, traditionnelle, revisitée avec malice et légèreté.
Au programme – assez réussi – : un frais tartare de saumon et pommes de terre, avec sa crème aux agrumes, une habile composition hareng, betteraves, oignons et raifort râpé, très « Europe de l’Est », une bien jolie blanquette de veau à l’ancienne servie en cocotte, avec son riz basmati, et un plaisant et tendre suprême de volaille, sauce grand mère avec ses petits lardons.
Les vins sentent l’influence, un peu omniprésente dans la brasserie parisienne, de la famille Richard, avec le pinot noir du pays d’Oc les terrasses de Perret, le côtes du rhône du Massif d’Uchaux au domaine de la Renjarde, servis au verre. L’accueil est gentil quoiqu’inattentif, le service charmant quoiqu’en rodage. Le cadre est contemporain, alliant le bruit de décoffrage contemporain au XIXe revisité.
Bref, le lieu a du caractère et des qualités, même s’il y a pas mal de bruit, beaucoup d’attente aussi entre les plats. Et l’on sent bien que tout cela, qui n’est opérationnel que depuis quelques semaines, est appelé à prendre de la patine. Un bon point: les prix modiques. Un mauvais: les accompagnements des plats facturés en supplément et pas toujours servis de manière souple.
Un exemple ? On voulait le riz basmati des voisins – excellent – avec le « quasi de veau Marengo moderne« , mais celui-ci était réservé à la blanquette… sur laquelle on s’est rabattu sans dommage. Manière de suggérer que le professionnalisme de la cuisine ne s’est pas étendu au service. En revanche, la bien jolie crème brûlée caramélisée, avec sa vanille intense, vaut l’applaudissement. Voilà un lieu mode à visiter de près … en gardant l’œil critique…