La Gloire de mon Père
« Seillans : la gloire de son père »
Gourmand et joyeux retour à Seillans, chez Eric Brunel, pour notre correspondant de la Côte d’Azur, l’infatigable Alain Angenost…
Le village de Seillans, c’est une part de la Provence en aquarelle que l’on entrevoit quand on déambule dans ses traverses pour parvenir au restaurant d’Éric Brunel. S’étant inspiré d’un roman éponyme de Marcel Pagnol, il a dédié son enseigne à la Gloire de son propre père, qui, après trente ans de dur labeur comme boulanger du cru, vient toujours jouer les renforts d’occasion pour son fiston dans sa belle affaire.
Le lieu séduit, avec la placette aux antiques platanes protecteurs, la rafraîchissante fontaine centrale, le lavoir où jadis s’échangeaient les « ficanasseries » locales, l’ancienne boulangerie du papa. Voilà pour le décor de sa terrasse dressée dès que la météo se fait clémente. Avec son esprit d’auberge provençale idéale, la maison a le charme de l’ancien conservé dans son jus et actualisé sans excès.
Une fois franchi la porte d’entrée en métal ouvragé, le charme opère vive. Il y a l’ambiance chaleureuse, la joliesse du bar, les tables bien mises, les assises confortables, les fresques villageoises, la vue sur un panorama bucolique et la lulière si particulière du pays, forte et vive, qui invitent, tout ensemble, à se mettre en appétit.
La cuisine d’Eric Brunel est généreuse, non alambiquée, privilégiant les produits terriens et marins locaux et les classiques de la bonne cuisine bourgeoise en respectant la fraîcheur et la saisonnalité. En vedette, ’os à moelle accompagné de pommes de terre rattes au four et des cuisses de grenouilles sautées à l’ail et au persil fort bien vus.
Il y a encore le filet de turbot, avec ses risetti (mi-pâtes, mi-riz) à la poutargue vierge acidulée, la cocotte de veau à l’ancienne, les quenelles maison et les légumes de saison, une pavlova repensée, le tout vanté avec allant par la charmante Kasha, l’épouse polyglotte d’Éric. Après une semaine plus que neigeuse sur le pays de Fayence, rien de tel que de s’attabler à « La Gloire de mon Père » afin de recharger son mental et y retrouver un sain optimisme. Voilà une maison qui fait du bien.