Lemaître et la vengeance de Madeleine

Article du 23 février 2018

Vous avez aimé « Au Revoir Là Haut » ? Vous allez adorer « les Couleurs de l’Incendie »… Pierre Lemaître, dans ce qui se présente comme le second volet d’une trilogie, mais peut se lire sans se souvenir de son Goncourt, narre les années d’après-guerre, mais surtout des prémices et la suite de la crise de 1929. L’Allemagne se réarme, la France se relève, Paris se bat, sans dire le pourquoi de ses batailles. Madeleine Péricourt, dont le mari, Aulnay-Pradelle, est en prison, enterre le grand banquier qu’est son père. L’enterrement – vaste scène colorée d’ouverture de trente pages – voit tout Paris défiler et un drame se produire : son fils, Paul, âgé de sept ans, va tomber sur le cercueil. Crime? Tentative de suicide? On en saura bientôt plus, évidemment. Tous, oncle, soupirant, amant, vont se liguer contre Madeleine – pour capter son héritage et guigner son pouvoir – qui, à son tour, se vengera. Et cette vengeance sera exquise pour le lecteur qui va vite se passionner pour cette formidable histoire à la fois historico-politico-policière. On y ajoute une note baroque venue de l’opéra, pour lequel Paul va se passionner. Il y aura une cantatrice exubérante, le décor de Berlin sous la botte nazie, les trafics des boursicoteurs et des spécialistes de l’évasion fiscale entre France et  Suisse – rien de neuf sous le soleil, depuis près d’un siècle, dira-t-on. Pierre Lemaitre imagine des épisodes corsés, des trafics d’influence à répétition, un complot minutieux, un engrenage infernal. C’est raconté avec brio et sobriété, scénarisé avec science. C’est évidemment un coup de (Le)maître. On attend déjà le 3e volet avec impatience…

Couleurs de l’incendie de Pierre Lemaitre (Albin Michel, 535 pages, 22,90 €)

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Publié le 23 février 2018 par

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