L’année de l’Education Sentimentale

Article du 9 février 2018

Elles s’étaient connues dans les années 1980, alors qu’elles suivaient, en fac, à la Sorbonne, le « cours de Boulis » sur l’Education Sentimentale de Flaubert. Se retrouvent, à, la fin de l’été, à la campagne, dans la maison de l’une d’elles, près de Clisson, pour établir le bilan des années écoulées. Muriel, Anne, Florence ont aujourd’hui l’âge de Mme Arnoux l’héroïne de leur livre de prédilection, prête à s’éprendre de Frédéric Moreau, le jeune homme bondissant de l’ouvrage. Il fait chaud, très chaud, il n’y a pas de piscine. Les souvenirs surnagent. C’est l’âge des maris, disparus, sur le départ, sur le retour. On ne sait trop. On suppute, on distille. Les enfants mènent leur vie. On se dispute. Le temps est passé. Voilà un bref roman comme une fugue, instants fragiles, moments resserrés. On se souvient de la mort de Claude François, son sèche-cheveux dans l’eau du bain, boulevard Exelmans, de l’élection de François Mitterrand à la Bastille, de l’actualité comme un spectacle aux images brouillées, rythmant nos vies. Dominique Barberis écrit avec une douceur vive, une tendresse resserrée, une précision mordante, le temps qui file, après quoi il est devenu presque impossible de se raccrocher. Ce livre d’heures fortes est une vive réussite.

L’année de l’Education Sentimentale de Dominique Barberis (Gallimard, 125 pages, 12,50 €).

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Publié le 9 février 2018 par

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