L’adieu aux yéyés de Gérard de Cortanze

Article du 3 janvier 2018

Il revient aux sources de sa jeunesse, raconte sa génération yéyé, lui, le fils d’immigrés italiens à qui on doit quelque 80 livres en tout genre. Essayiste, romancier, poète, autobiographe, chroniqueur, historien, traducteur de l’espagnol, expert de l’Italie, Pic de la Mirandole de  la culture du XXe siècle, Gérard de Cortanze rassemble tout cela et plus encore dans une fresque qui embrasse cinquante ans d’histoire. La nôtre. Les protagonistes:  trois garçons nés, comme lui, en 1948, qui ont vécu l’irruption des yéyés, vivent dans la culture de leur époque, écoutent Richard Anthony, qui lui entend siffler le train, mais aussi Johnny Hallyday, Françoise Hardy, Dick Rivers, Dany Logan, Sylvie Vartan et tant d’autres qui constituent la musique de fond de leur époque. François, le blouson noir tenté par la drogue, Antoine, le fils de prolo, qui court le 800 mètres et aime Jean Ferrat, Lorenzo, l’italien de Genevilliers, en qui l’on reconnaîtra beaucoup de Cortanze, rival d’Antoine sur 800 mètres, lecteur boulimique, fou de cinéma. Ils aimeront, la même fille, Michèle, « belle, belle, belle comme le jour ».

Gérard de Cortanze © Maurice Rougemont

Comme dans « Nous nous sommes tant aimés »,  le si beau film d’Ettore Scola, nostalgique, rétrospectif, dont, évidemment, ce livre-ci s’inspire. Cela démarre en juin 1963 lors du premier concert public de Salut les Copains, cela s’achèvera de nos jours, en passant par la France réunie par Charlie. On aura eu le temps des désillusions, entre temps, d’un passage – raté – à la Tête et les Jambes … Mais on ne va pas tout vous raconter. Cela commence comme une fresque sociologique, avec tous les pourcentages et statistiques livrés au lecteur, révélant l’évolution de la société, la femme qui se libère, la sexualité qui peu à peu va se révéler, la télévision, qui s’introduisant dans la vie des Français avec force, va bouleverser « notre » vie. Gérard de Cortanze, à qui on doit notamment « Spaghetti », « De Gaulle en maillot de bain », où il se moquait de lui même et de son temps, réussit à refaire le cours de l’histoire, mais surtout le bilan de son époque. Ce qui démarre comme une fresque sociale s’achève en thriller intellectuel. On ne contera pas la fin, on la décrira juste comme passionnante, fataliste. Autant dire de GdC a réussi son livre. Et à nous passionner avec ces hommages aux yéyés dont les chansons rythment chaque chapitre. Chapeau l’artiste!

Laisser tomber les filles de Gérard de Cortanze (Albin Michel, 22,50 €, 458 pages).

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Publié le 3 janvier 2018 par

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