Au Moulin à Vent
« Paris 5e : éternel Moulin à Vent ! »
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On ne vous avait pas encore parlé du Moulin à Vent, dernière pièce maîtresse du bel empire des bistrots du 5e, sur la rue des Fossés Saint-Bernard, qui trônaient jadis comme des perles rétros près de l’IMA, face à Jussieu. Le Petit Navire a fermé, il y a belle lurette, l’AOC a changé de mains, l’historique bouchon Moissonnier vient de baisser pavillon depuis peu, hélas, et doit laisser place à une boulangerie. Seule Alexandra Damas demeure.
Cette petite ancienne de l’Arpège, dont le frère Philippe, ancien du Crillon, tient Philou dans le 10e, est la maîtresse aubergiste de ce lieu comme avant depuis quelque dix huit ans. La maison, qui s’appelait jadis « Le Moulin à Vent – chez Henri », date de 1946, paraît issue d’un film avec Lino Ventura ou Jean Gabin, genre « Touchez pas au Grisbi » (vous souvenez vous de chez « Biche », où les truands du film de Jacques Becker se retrouvaient autour d’un bon frichti à l’ancienne? ) et la carte est digne d’une anthologie de la brave cuisine ménagère.
Poireaux vinaigrette, gros escargots de Bourgogne, velouté de lentilles au lard, terrine de foie gras de canard, blanquette de veau en cocotte, andouillette de Troyes grillée sauce vin blanc ou moutarde, foie de veau à la lyonnaise, plus de belles viandes au fil des jours (côte de boeuf, entrecôte, boeuf à la ficelle), du perdreau de chasse à l’automne donnent le ton de ce qui est ici servi là avec gentillesse et sans nul chichi. On boit là dessus l’exquis beaujolais de l’ex voisin Paul Cinquin (il tenait Chez René, boulevard Saint-Germain) ou l’emblématique et si fruité moulin à vent signé Pacalet.
En issue, on craque pour le sorbet cassis (un peu dur, toutefois, car non turbiné) arrosé de sa liqueur, pour rester côté Bourgogne. Mais la mousse au chocolat ou la crème caramel sont là. Voilà un lieu éternel, sur le temps et les modes n’ont guère de prise. Dieu soit loué!