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Les chuchotis du lundi : le FS booste Megève, Silli et le lobby italien, Gomez l’azerbaidjanais, un R&C à la Réunion, Ballarin et l’axe Paris-Bordeaux, Pignol a vendu, Michelin punit le Brenner’s et sacre le Sud Tyrol, Ferchaud au Raphaël, Rostang hait la télé

Article du 20 novembre 2017

Le Four Seasons booste Megève

Façade de l’hôtel © DR

Une chambre © DR

55 chambres au nouveau Four Seasons, bâti au pied de la côte 2000, non loin de l’Altiport, 45 chambres dans l’ancien Chalet du Mont d’Arbois qui sort du giron des Relais & Châteaux pour rejoindre la chaîne d’obédience canadienne, le tout sous la direction de François Arrighi qu’on vit aux Airelles de Courchevel : voilà le nouveau visage hôtelier du groupe Rothschild sur les hauts du Mont d’Arbois. On ajoute le coup de pouce du décorateur de luxe Pierre-Yves Rochon, à qui doit notamment le cadre du George, le restaurant italien du George V à Paris, et des restaurants de Joël Robuchon. La grande nouveauté? Le 1920, la table deux étoiles dirigée par Julien Gatillon, déménage du Chalet au neuf FS. S’y ajoute un restaurant japonais avec des clins d’oeil montagnard (Kaïto), plus le bar Edmond, pour des collations relaxes. Au Chalet du Mont d’Arbois, l’ex 1920 devient « Prima », français, gastronomique, avec des inclinaisons savoyardes, mais sans spécialités fromagères, sous la gouverne de l’alsacien Nicolas Hensinger, passé chez Olivier Nasti, Yannick Alléno, Benoît Violier, et que l’on a connu à la Taverne du Mont d’Arbois. Ouverture de l’ensemble tout neuf et déjà prêt: le 15 décembre prochain.

Julien Gatillon © GP

Pier Silli l’éminence grise d’Italie de Paris

Pierre Silli avec Eligio Paties Montaner et Alberico Penati © GP

Pier Silli, vous connaissez? Ce Vénitien bourlingueur, qui fut et demeure le gourou inspiré de la cuisine italienne à Paris, avait créé, avec la complicité d’Angelo Paraccuchi de la Locanda dell’Angelo à Ameglia, le Carpaccio au Royal Monceau, et obtenu là-bas une étoile chez Michelin. Il a doublé la mise avec la création de Penati Al Barreto, où officie Alberico Penati, ancien chef du Harry’s Bar de Londres, et obtenu avec lui une étoile en un an. Chapeau, l’artiste! Son nouveau challenge, qu’il vit comme un hobby : faire mieux connaître la cuisine de toutes les régions d’Italie en faisant venir dans son restaurant de la rue Balzac une maison de tradition, avec ses produits, ses recettes, son personnel de salle, ses vins. Mission accomplie avec Venise la semaine passée et sa maison chérie, proche de la place Saint Marc, le Do Forni (« deux fourneaux« , en dialecte vénitien), d’Eligio Paties Montaner. Au printemps prochain, un chef lombard de tradition – Giancarlo Morelli, étoilé au Pomiroeu de Seregno – prendra le relais.

Gomez l’azerbaïdjanais

C’est l’invitation la plus surréaliste de cette fin d’année: Guillaume Gomez fête la sortie de son grand livre de cuisine « Cuisine, leçons en pas à pas » aux éditions du Chêne) dans un salon de … l’ambassade de l’Azerbaïdjan à Paris. On pensait que les portes de l’Elysée allait s’ouvrir pour mieux découvrir la cuisine et les recettes du chef le plus médiatique de la République Française. Mais non… Dans un premier temps, recevant l’invitation, on a pu croire que le bouillonnant Guillaume Gomez avait quitté ses fonctions, dans un ras l’bol à la Depardieu, et choisi de se réfugier en Azerbaïdjan. Renseignements pris auprès des éditions du Chêne, c’est seulement la beauté du lieu, sis au pied de la tour Eiffel, qui a motivé le choix de cette adresse fort insolite…

Un Relais & Châteaux à la Réunion

Frédéric Kuhry et Marc Chappot © DR

Frédéric Kuhry, fils d’hôteliers (son père tient l’Europe à Saverne), ancien de salle de l’Arnsbourg, et Marc Chappot, chef émérite, formé à Chamonix à l’Albert Ier, passé au Lion d’Or à Cologny, tous deux propriétaires du Blue Margouillat Seaview Hôtel 4 étoiles sis à Saint-Leu, à la Réunion, viennent d’intégrer la chaîne des Relais & Châteaux. Ils sont les premiers à afficher ce prestigieux label à l’île de La Réunion et dans les DOM en France. Lauréé de 3 Vanilles, la note maximale au Guide Kaspro 2017, de notre ami Thierry Kasprowicz, la table « exochic » de ce petit hôtel de charme ne désemplit pas et confirme par cette reconnaissance le travail accompli depuis des années par l’équipe du chef Chappot. Les guides gastronomiques nationaux devraient  vite s’intéresser à la destination Réunion car c’est aussi la France !

Ballarin l’équilibriste et l’axe Paris-Bordeaux

Notre camarade Jacques Ballarin, qui cultive la fibre Sud Ouest avec malice, générosité et un sens diplomatique très approprié, a su tirer parti de la neuve ligne TGV Paris-Bordeaux qui met désormais le quai des Chartrons et la gare Saint-Jean à 2 heures de Paris (et des poussières). Son propos: 50 adresses ici, 50 adresses là. Avec un guide double qui doit plaire autant à Anne Hidalgo qu’à Alain Juppé, cultivant l’esprit bordelais à Paris et l’esprit parisien à Bordeaux (de Julien Duboué à Alain Dutournier). Le plus fortiche: il parvient, sous la signature d’Alain Ducasse, qui édite son livre à dire du bien de la Grande Maison de Bernard Magrez, revue par Pierre Gagnaire, alors qu’il y lançait la précédente édition de son guide des restaurants du Sud Ouest sous le sceau de Joël Robuchon. Chapeau, l’artiste!

Pignol a vendu

Patrick Pignol © DR

On vous l’annonçait il y a un an : Patrick Pignol avait mis en vente son Relais d’Auteuil. Cette fois-ci, c’est fait: l’ancien élève des frères Roux au Gavroche à Londres, passé au Ritz époque Legay, à la Bonne Auberge d’Antibes et au Chiberta,  présent depuis 33 ans au 31 boulevard Murat à deux pas de Roland Garros, où il eut un temps deux étoiles, a vendu sa demeure à un marchand de biens. Agé de 56 ans, mais aux fourneaux de 41 ans, PP affirme vouloir prendre sa retraite. Mais il cherche une maison pour son fils de 33 ans. Voilà en tout cas une étoile qui s’éteint en lisière de la porte d’Auteuil.

Allemagne: Michelin sanctionne le Brenner’s

Parmi, les promus du Michelin Allemagne 2018: Jan Hartwig l’Atelier au Bayerischer Hof obtient une 3e étoile à Munich. 4 nouveaux deux étoiles, dont le créatif Nils Henckel à Geisenheim et le Cerf au Wald & Schlosshotel Friedrischruhe à Orhingen, qui retrouve son classement passé du temps de Lothar Eiermann. Parmi les chutes, trois « deux étoiles », dont le glorieux Brenner’s Park und Spa à Baden-Baden, qui perd ses deux macarons gagnés par le chef Paul Stradner. Explication: ce dernier vient de partir à la Villa Lalique, renforcer l’équipe de Jean-Georges Klein à la Villa Lalique de Wingen sur Moder en Alsace. Autre chute remarquée: la perte de l’étoile du restaurant de Pierre Gagnaire à Berlin aux Solistes à Charlottenburg.

Michelin Italie sacre le Sud-Tyrol

Norbert Niederkofler © DR

La région la plus gourmande d’Italie, rapportée au nombre d’habitants? Le « petit » Sud Tyrol avec ses 26 étoiles, dont un nouveau trois étoiles à San Cassiano: le St Hubertus de Nobert Niederkofler au Rosa Alpina. Ce cuisinier des herbes et des montagnes, façon Veyrat italien, vient d’atteindre la consécration suprême. Derrière lui, d’autres grandes tables s’avancent dont nous avons récemment parlé, comme la Trenkerstube de Tirolo et le Terra de Sarantino, qui ont toujours deux étoiles, rang auquel accède également la Siriola de San Cassiano. L’Italie devra de plus en plus compter avec cette ex région autrichienne devenue italienne depuis 1919, qui marie la fantaisie italienne avec la rigueur germanique, plus l’élégance de l’ancien empire austro-hongrois.

Pierre Ferchaud au Raphaël

Pierre Ferchaud © AA

Rien n’arrête Pierre Ferchaud. Ni l’âge, ni les frontières d’aucune sorte. La grande expérience hôtelière de l’ex-directeur du Bristol vaut de l’or. Il l‘a prouvé tout au long de sa riche carrière qui n’est pas près de s’arrêter. Après avoir porté aux nues le palace des Oetker durant dix huit ans, il a dirigé le Fouquet’s Barrière, la Réserve Paris, le Steigenberger de Bruxelles, le Métropole et le Yacht-Club à Monaco. Dès ce lundi 20 novembre, le voilà à pied d’œuvre pour prendre la direction de l’hôtel Raphaël avenue Kléber à Paris. Il fallait un orfèvre de sa trempe pour continuer à faire scintiller ce bijou rare de l’hôtellerie parisienne qu’avait adopté Serge Gainsbourg au crépuscule de son existence.

Michel Rostang a horreur de la télé

Michel Rostang © GP

Son interview à notre consoeur du Figarosocope, Colette Monsat, a bien failli passer inaperçu cette semaine. C’est pourtant la première fois, à notre connaissance, qu’un chef célèbre explique crânement sa sainte horreur de la télévision. Interrogé sur sa « non participation » aux émissions de cuisine, Michel Rostang, le deux étoiles de la rue Rennequin, qui gère six autres établissements dans Paris, répond avec une franchise déconcertante. « Jamais, j’ai horreur de ça ! Ces émissions de télé-réalité ne représentent pas du tout l’esprit de notre métier. Faire croire à des jeunes qu’au bout de six semaines, ils peuvent devenir chefs de cuisine, c’est une aberration. Cela remplit sûrement les écoles de cuisine, mais six mois plus tard ils abandonnent, parce que c’est très dur et très contraignant. Eux, ils n’ont vu que le côté «show off» de la profession. » Quelle franchise!

Les chuchotis du lundi : le FS booste Megève, Silli et le lobby italien, Gomez l’azerbaidjanais, un R&C à la Réunion, Ballarin et l’axe Paris-Bordeaux, Pignol a vendu, Michelin punit le Brenner’s et sacre le Sud Tyrol, Ferchaud au Raphaël, Rostang hait la télé” : 2 avis

  • Merci pour ces remarques. Décidément, ce blog a de bons lecteurs!

  • Didier

    Le but du guide Michelin n’est pas de « punir » des restaurateurs mais de rendre service aux lecteurs. Un restaurant, c’est comme un théâtre. On n’envoit pas le public dans une salle dans laquelle il n’y a pas de représentations. Le Brenner’s à Baden-Baden a annoncé une rénovation complète du restaurant jusqu’au moins en mars 2018, la création d’un nouveau concept inconnu pour tout le monde et ils devront recruter un nouveau chef. Il n’y a aucune raison pour laisser deux étoiles.
    Le nouveau trois étoiles à San Cassiano ne se trouve pas dans le Relais & Châteaux « Rosalpina » mais « Rosa Alpina ».
    Le nouveau trois étoiles à Munich se trouve dans le Bayerischer Hof et non dans le Königshof (au demeurant, lui aussi Leading Hotels).

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