Drouant
« Paris 2e : retour sur le Goncourt »
Un article plus récent sur le même sujet est disponible sur notre site, vous pouvez le retrouver en cliquant ici
L’autre semaine, dans nos chuchotis, on vous avait donné non le nom du lauréat (surprise) du prix Goncourt 2017, qui fut décerné lundi 6 novembre à 13h chez Drouant, (Eric Vuillard pour L’Ordre du Jour, chez Actes Sud), mais tout bonnement, car c’est tout de même l’un des propos majeurs de ce blog ludique, la composition du menu servi à l’Académie Goncourt pour ce déjeuner.
De fait, Antoine Westermann, qui depuis une douzaine d’années est aux commandes, a popularisé le dit menu qui nous faisait rêver il y a 35 ans, quand, avec mon collègue Jean-Claude Lamy, alors à France Soir, nous arpentions coulisses, couloirs et salons du lieu, pour tout savoir de « qui avait voté qui et pourquoi ». Les choses aujourd’hui sont, sinon plus simples, du moins plus prosaïques. Un auteur Albin Michel (c’est le cas de Bernard Pivot) ou de Gallimard (‘celui de Pierre Assouline) peut voter un livre d’Actes Sud (maison dirigée, il y a peu encore, par notre actuelle ministre de la culture, Françoise Nyssen), contre un auteur Gallimard (Yannick Haenel, Tiens ferme ta couronne) ou Albin Michel (Véronique Olmi, Bakhita).
Cela, bien sûr, est de la « cuisine littéraire« . En revanche, pour la vraie cuisine, Antoine Westermann et son adjoint Anthony Clémot, relayé pour l’occasion par le chef du Coq Rico à Montmartre, Thierry Lébé, avait mis les petits plats dans les grands. En amuse bouche, une huître spéciale n° 3 d’Yvon Madec, avec son émulsion au champagne et sa quenelle de caviar Osciètre, faisait merveille sur le mode iodé. Le pâté en croûte au foie gras d’oie, avec sa gelée aux noix, faisait un joli clin d’oeil à l’Alsace. Les coquilles saint Jacques rôties, avec coulis de persil au gingembre, endives crues et caramélisées, étaient toutes en finesse et légèreté, comme ce fin ragoût de homard et de turbot au fenouil.
La poule faisane rôtie au chou vert, avec sa matignon de légumes d’automne à la truffe noire, son jus corsé, était comme une ode à l’automne. Il y avait encore les fromages (munster et tomme des Vosges) de Cyrille Lorho fromager-affineur et Meilleur Ouvrier de France à Strasbourg, enfin la pomme confite au beurre d’orange, pain d’épices et sorbet au fromage blanc. Côté vins, les grands flacons – magnum de Champagne Drouant Brut Blanc de Blancs, montagny blanc Henri Pion, puis Gevrey-Chambertin 2013 « Racines Croisées » d’Henri Pion, enfin magnum du château Rauzan-Segla grand cru classé de Margaux 2007 – faisaient une ponctuation somptueuse.
Avec le champagne d’Emmanuel Pithois, réserve brut, pour le dessert, avant la mirabelle d’Hagmeyer à Balbronn, on pouvait patienter jusqu’à la fin du jour. Yann Queffelec, qui a donné son nom au bar de la maison, était là pour nous raconter, encore et encore, les circonstances imprévues, de son propre Goncourt, pour les Noces Barbares, en … 1985. C’était hier!