Gordon Ramsay au Trianon
« Versailles : du côté de chez Gordon et Frédéric »
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Gordon Ramsay à Versailles, au Trianon Palace ? On vous en a parlé au temps de Simone Zanoni. Le maestro italien, parti à Paris prendre les commandes du George, la table méditerranéenne du George V, a été remplacé ici même par Frédéric Larquemin. Cet ancien de Ducasse, sous l’égide duquel il travailla douze ans, de Monaco à Doha, en passant par Paris, débuta jadis à Londres au Connaught, à l’époque classique de Michel Bourdin, puis au Claridge’s, sous la gouverne d’un certain … Gordon Ramsay.
Son style est classique, chic, sans chichi, et se marie sans manière avec celui du lieu, luxueux et sobre, jamais grandiloquent. Le service, sous la houlette de Baudoin Arnould, qu’on vit au Prince de Galles, a du nerf, et les deux menus sont bien dosés. On prône ainsi, sous l’étiquette du plus francophile des écossais bondissants de la verte Albion, une style franco-versaillais, finalement assez bcbg.
Å’uf coque, champignons, châtaignes, tartine de céleri au lard de Colonnata donnent le ton d’un repas plein de verve. Pressé de foie gras et canard fumé, pomme verte, cresson et gelée au madère, grenouilles, courge, mandarine, noisette torréfiée, sauce au Châteauneuf-du-Pape, puis tarte d’écrevisse glacée dans son jus, girolles sautées, haricots verts, sauce Nantua ou encore sole en tronçon, braisée aux coquillages, oursins et crevettes grises, fleurs d’ail et jus façon marinière sont d’un classicisme serein, pointilleux, jamais ennuyeux.
Le point d’orgue du repas, le morceau de bravoure? Un dos de chevreuil, venu de chasses anglaises, d’une tendreté parfaite, avec ses jolis accompagnements aigre-doux, céleri rave, pomme sauvage, coing, sauce poivrade, qui séduit, même s’il pourrait être plus relevé (s’il faut lui ajouter sel et surtout poivre!). En belles escortes, le champagne rosé Billecart-Salmon, une des références du genre, et le chambolle-musigny de David Duband, tiré d’une carte généreuse en beaux flacons à prix de raison, s’imposent sans forcer la mise, ni la note.
On est fin prêt alors pour les fromages du MOF Michel Fouchereau, présent dans le 16e comme à Versailles. Mais on ne loupe pas les jolis desserts d’Eddie Benghanem, comme cette compotée de coing shizo et fromage frais, ce sorbet menthe, basilic et yuzu et cette fausse poire belle Hélène revue en poire fondante, meringue glacée au chocolat – le mille-feuille croquant aux deux vanilles sauce caramel est délicieux même s’il fait un peu palot à côté de celui créé par Laurent Jeannin au Bristol. Reste que l’ensemble séduit, la mise de table est belle, et que l’on passe là une soirée gourmande de fort bon aloi.
Bravo pour le boulot