Souvenirs dormants : Modiano par Modiano

Article du 27 octobre 2017

Sa voix, on la reconnaît entre toutes. Les noms de ses héros, son époque, celle de l’Occupation, celle des années 1960, qui meublent ces « souvenirs dormants », on les retrouve comme de vieux amis, des lieux sinon aimés, du moins parcourus, familiers. Rêve, récit, roman, souvenirs, nostalgie prenante : il y a tout cela ici mêlé avec cent pages et brutes qu’on lit, feuillète, parcourt, pénètre, comme si l’on retrouvait des  endroits que l’on parcourut en hâte et que l’on prend le temps désormais de redécouvrir. Sans omettre ces amis proches et lointains qu’on croyait avec oublié, dont les noms, les ombres resurgissent.

Cette magie là, Patrick Modiano l’évoque, la fait resurgir avec une souveraine sobriété, une désarmante efficacité, une magie assez bouleversante. « Et aujourd’hui, cinquante après, je ne peux m’empêcher, de nouveau, d’écrire sur cette feuille blanche quelques uns de ces noms. Martine et Philippe Hayward, Jean Terrail, André Karvé, Guy Lavigne, Roger Favart et sa femme aux tâches de rousseur et aux yeux gris… d’autres… Aucun d’eux ne m’a donné de ses nouvelles, ces cinquante dernières années. Je devais être invisible pour eux à cette époque. Ou bien, tout simplement, vivons-nous à la merci de certains silences ».

Souvenirs Dormants de Patrick Modiano (Gallimard, 105 pages, 14,50 €,). Et aussi Nos débuts dans la vie, de Patrick Modiano, théâtre (Gallimard, 92 pages, 12 €

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Publié le 27 octobre 2017 par

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