Encore Vivant, de Pierre Souchon

Article du 17 octobre 2017

C’est l’un des très bons premiers romans de la rentrée, même si c’est aussi une autofiction, un document saisissant, une confession bouleversante. Comme l’auteur, journaliste à l’Huma, au Monde Diplomatique, à Fakir, le héros se nomme Pierre Souchon, est fils de paysans d’Ardèche, dont le père, garde forestier, est avant tout poète des halliers et des buissons. Il raconte au quotidien sa folie passagère et buissonnière, ses accès de violence, sa dépression chronique, sa bipolarité assumée. Il vient de loin, d’une contrée ombreuse proche des terres hautes de la vallée du Rhône, a fait un beau mariage, dans une famille grande bourgeoise, professe des idées d’extrême gauche, se bat contre l’injustice, à coup d’enquêtes, de chroniques et d’articles, se réfugie dans la folie, la solitude, la dérision, le rire. Un jour, il se retrouve hébété, accroché à une statue de Jaurès.

On l’emmènera de force à l’hôpital psychiatrique. Commence alors son incarcération douloureuse, sa rééducation difficile, ses soins intensifs, sa nouvelle vie, son temps de confession. Ce qui pourrait n’être qu’une longue diatribe contre la folie, qu’un cri dans le silence, est une oeuvre d’art saisissante. Le sens de l’adjectif, de la richesse des mots, l’art de conter, de parler de soi comme si on était autre, de rendre hommage aux siens, notamment aux vertueux grands-parents, paysans et modèles: voilà, entre autres, ce qu’on trouve dans ces pages denses, ardentes, fiévreuses. C’est à la fois un livre, bouleversé, bouleversant sur la folie, qu’on lira forcément le coeur serré et une bouffée d’espoir, au bout de récit comme un tunnel vers la lumière, un essai lucide, tendre, finalement apaisé.

Encore Vivant de Pierre Souchon (La Brune au Rouergue, 288 pages, 19,80 €).

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Publié le 17 octobre 2017 par

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