Le flâneur de l’Elysée de Pierre-Louis Basse

Article du 20 septembre 2017

Deux ans et demi-durant, Pierre Louis Basse est à l’Elysée une sorte de zombie désenchanté, chargé de conseiller le président de la République sur les « grands événements ». Ce spécialiste du foot (on lui un récit remarquable et remarqué du « match du siècle » -le France-Allemagne de Séville en 1982-) et de la Résistance (Guy Mocquet, une enfance fusillée), a aussi livré des chroniques intimistes où cet ex compagnon du route du PCF livre « sa » vérité sur l’époque (Ma Ligne 13, Ca va mal finir, Ma chambre au Triangle d’Or). Son dernier ouvrage est du même tonneau que ces derniers cités, moins caustique, sans doute que celui de Georges-Marc Benamou sur son séjour à l’Elysée époque Sarko, mais très personnel, ne négligeant pas l’émoi littéraire, ni la critique politique, ni l’auto-analyse, glissant sa patte personnelle sur les événements qu’il vit autant qu’il les subit. Son ego en prend un coup lorsqu’il se rend compte que les discours qu’il livre – même ceux apparemment les plus réussis – sont systématiquement réécrits. L’homme de gauche à l’ancienne, le compagnon de route, le coco dévoyé, les pieds serrés dans ses chaussures pointues, est, très vite, mal à l’aise, sous les ors et dorures de l’Elysée. L’homme de Saint-Ouen et de la ligne 13, le supporter du Red Star et l’ami de Cantona ne peut évidemment se sentir chez lui rue du Faubourg Saint-Honoré. C’est de ce constant décalage que ce livre est fait, tire son charme, avec ses notations libres, ses compliments au « Service Littéraire » de François Cérésa et à la tradition des « Hussards ». FTP des lettres, partisan de la liberté malgré tout, Pierre-Louis Basse n’a laissé qu’un peu de son âme dans cette brève expérience qui donne naissance à un livre doux, sensible, nostalgique, chargé de regrets plus que de peine. Voilà un flâneur désenchanté dont on suit volontiers la trace.

Le flâneur de l’Elysée de Pierre-Louis Basse, (Stock, 270 pages, 19,50 €)

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Publié le 20 septembre 2017 par

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