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Les chuchotis du lundi : le crazy mariage Michelin/Fooding, les mystères du National, le neuf exotisme du palais de Tokyo, le retour de Roucheteau à la Scène Thélème, Gioa italien étoilé à Paris, Maurey relooke Cristal Room Baccarat, Ducasse recrée un Spoon à la Bourse, Rech : Denon part, Boireau arrive, Ruz vend Lou Fassum, Barrier version tram

Article du 4 septembre 2017

Le crazy mariage Michelin/Fooding

C’est le mariage le plus dingo de l’année, le moins attendu, celui de carpe et du lapin, de David et de Goliath, de Fillon et de Mélenchon, de la sagesse et de la folie, de l’institution centenaire et de son turbulent cadet : bref du Michelin et du Fooding dont Bibendum reprend 40 % des parts. Coup financier de génie pour le businessman tendance, Alexandre Cammas, fondateur du Fooding en l’an 2000, qui a reçu non seulement à se faire reconnaître comme un acteur majeur du terrain gourmand par son grand aîné, qu’il n’a jamais cessé de bousculer, mais à monnayer sa valeur de façon fort consistante. Si le montant de la transaction reste secret (on parle de 7 à 8 millions d’euros), le Michelin – qui a annoncé ces curieuses noces en premier – avoue pouvoir ainsi décupler son importance sur le digital. Le Fooding, en effet, bat à plates coutures le bonhomme Michelin, sinon totalement sur les réseaux sociaux – Michelin dépasse allègrement les 100 000 abonnés aussi bien sur Twitter que sur Facebook (contre 29 000 et 78 000 pour le Fooding sur ces deux réseaux) – , du moins sur son image « jeune » et s’affiche à la fois fortiche sur Instagram (190 000 abonnés) et en visiteurs uniques sur son site (dix fois plus que le Michelin selon nos infos). Il se montre également très performant sur les animations en happening gourmand dans diverses villes du monde. Bref, grâce au Fooding, Michelin va apprendre à se moderniser. Question tout de même: qu’en pensent de ce drôle de mariage les très nombreux fidèles de la bande à Cammas, réputés rebelles aux nappes, aux couverts comme aux étoiles ?

Les mystères du National

Hotel National des Arts et Métiers © DR

66 chambres sur 6 étages dans deux immeubles haussmaniens qui paraissent ressusciter une légende: c’est l’Hôtel National des Arts et des Métiers ouvert sans tapage médiatique cet été, au 243 rue Saint-Martin, à Paris 3e. Pas de tapage certes, mais une vive résonance au bouche à oreille dans les milieux en vogue avec des soirées déjà complètes pour sa table italienne (Ristorante National) mise en place par Julien Cohen (l’Altro, les Cailloux, Quindici, Professore, Grazie, Pizza Chic…) qui mise là bas sur un cadre chic et sobre, avec une mise en scène italienne sans défaut. Joli registre de pâtes, produits en direct de la Botte (bottarga, burrata, huile d’olive), personnel dans le coup: il n’en faut pas pour faire un succès en vogue dès avant la rentrée. Chapeau !

Le nouvel exotisme du palais de Tokyo

Preston Miller © GP

Le Palais de Tokyo change de style et de cantine gourmande. Si le nom ce musée d’art contemporain est dédié à la capitale du Japon, sa table évoque désormais la Grosse Pomme avec des clins d’oeil à la Scandinavie et un mobilier high tech dans le goût danois. Le chef vient de New-York, mais n’a pas oublié ses origines libanaises du côté de sa mère. Bref, on va beaucoup parler des « Grands Verres », qui s’appelait jadis Tokyo Eat. La nouvelle enseigne est un clin d’oeil au créateur surréaliste Marcel Duchamp. Aux commandes, le groupe Quixotic Projects (Candelaria, Mary Celeste, Glass, Hero) qui a remporté l’appel d’offre en janvier dernier et  imaginé la nouvelle identité de ce restaurant-bar de 600m². L’architecture et la décoration ont été repensés avec un bel esprit d’ouverture par l’agence Lina Ghotmeh jouant un air contemporain assez neuf, avec un jeu de lampes suspendues fort réussi. Aux fourneaux, le jeune Preston Miller, 31 ans, Américain nouvelle vague, mitonne des mets-néos-libanais dans le vent, sans négliger le côté végan. Pour tout savoir, cliquez .

Julien Roucheteau revient à la Scène Thélème

Julien Roucheteau © GP

A la Scène Thélème, qui avait rapidement gagné son macaron Michelin, Pierre Rigothier, naguère étoilé au Baudelaire du Burgundy, a discrètement annoncé son départ. Le remplace, dès mi-septembre, son ex voisin Julien Roucheteau ex deux étoiles au Lancaster, où il avait les obtenu en 2015 – mais ne les a gardé que deux ans. L’ambition, pour ce natif du Mans, passé au George V aux côtés de Philippe Legendre, puis chez Michel Troisgros à Roanne, qui possède une table modeste à Levallois-Perret, tenu avec son épouse Laure, J’L’M: conserver d’abord l’étoile de Rigothier, puis retrouver la seconde jadis gagnée au Lancaster. Pour l’aider dans cette tâche, il sera relayé en salle par Frédéric Pedrono, qui fut le bonheur maître d’hôtel du Pavillon Ledoyen, au temps de Christian Le Squer, puis de Yannick Alleno, et le très sérieux sommelier Daniel Pires, ancien sommelier du Laurent.

Gioa italien étoilé à Paris

Michelino Gioia © DR

Il n’y a que trois tables italiennes étoilées à Paris (Il Carpaccio au Royal Monceau, dont l’ex chef Roberto Rispoli a rejoint les frères Mavrommatis, le George au Four Seasons George V avec Simone Zanoni et Penati al Baretto de Pier Silli et Alberico Penati). Il pourrait y en avoir d’autres l’an prochain, avec la venue de chefs italiens étoilés à Paris. Après Ugo Alciati de chez Guido à Fontanafredda, en Piémont, qui conseille l’Assagio de l’hôtel Cortile rue Cambon, c’est au tour de Michelino Gioia d’annoncer son arrivée au discret Hôtel Splendide Royal de la rue du Cirque, près de l’Elysée dans le 8e. Cet ancien étoilé du Cesar à la Posta Vecchia près de Rome va créer le restaurant Tosca avec une quarantaine de couverts sur deux niveaux, des pâtes fraîches réalisées à demeure, des ingrédients 100% transalpins et des idées de cuisine créative dans le goût de l’Italie de toujours. Ouverture prévue: le 5 septembre.

Maurey relooke Cristal Room Baccarat

La déco signée Jacques Grange © OM

On a connu le Cristal Room Baccarat version Philippe Starck, avec Thierry Burlot aux fourneaux, puis Guy Martin aux commandes. Voilà Olivier Maurey, le patron du groupe Luderic et Fêtes, qui gère plusieurs restaurants, certains avec Alain Ducasse (Benoît, les Lyonnais, Champeaux), d’autres avec Eric Fréchon (Mini Palais), d’autres encore tout seul (Ralph’s, le Café des Concerts, l’Ami Louis), qui remet le lieu à l’heure lorraine avec des idées de cuisine rustico-raffinées, comme cette moelleuse quiche lorraine, hommage aux origines de Baccarat (enraciné dans la commune du même nom en Meurthe-et-Moselle), signée du nouveau chef de la maison, Mathieu Mécheri, un jeune ancien du Mini-Palais. La nouveauté : la décoration malicieuse et colorée signée Jacques Grange, avec ses fauteuils néo-années 1950 au chic très parisien.

a nouvelle

La nouvelle salle © OM

Ducasse recrée un Spoon à la Bourse

Le Spoon Bourse © Wilmotte et associés

« Ducasse m’a proposé le Spoon, et je lui ai fait confiance« , glisse Olivier Ginon de GL Events, qui gère notamment le Palais Brongniart, quand on lui demande pourquoi Alain Ducasse a ressorti une vieille marque – quasi oubliée – de ses tiroirs pour rebaptiser et recréer une neuve table dans l’ex-Terroir Parisien de Yannick Alléno à la Bourse. Le cadre est signé Jean-Michel Wilmotte, le designer préféré de … Guy Savoy (alors qu’on sait qu’Alain Ducasse fait d’habitude travailler son décorateur fétiche Patrick Jouin). La cuisine, elle, sera fusionnelle, métissée et voyageuse, avec des idées chipées un peu partout en Chine ou au Chili, au Maroc ou au Liban, au Mexique ou au Japon. Malicieux AD, toujours imprévisible !

Rech : Denon part, Boireau arrive

Xavier Boireau © GP

L’un part (rejoindre Christophe Saintagne, qu’il connut jadis au Meurice, dans le 17e, en son bistrot Papillon – c’est Anthony Denon), l’autre arrive: c’est Xavier Boireau, connu aux Lyonnais, passé au Relais-Plaza. Où ça? Chez Rech, avenue des Ternes, dans la maison marine ducassienne du 17e, dirigée d’une main ferme par l’un des plus brillants maîtres d’hôtel de Paris, Eric Mercier. Le but: évidemment de retrouver l’étoile perdue ici même en février dernier. On note que pour Anthony Denon, c’est l’objectif similaire: faire briller l’étoile (manquante) du sieur Saintagne rue Meissonnier.

Eric Mercier et Anthony Denon © GP

Ruz vend Lou Fassum

Emmanuel Ruz © AA

Lou Fassum sur les hauteurs de Grasse : un lieu de charme tenu par le rubicond Emmanuel Ruz depuis plus d’une dizaine d’années. Ce dernier vend sa maison, part notamment faire du consulting au Brésil. Son repreneur?  Une figure insolite de la restauration azuréenne: Xavier Malandran, ex-coiffeur de Pegomas, fou de cuisine, finaliste de Master Chef saison 2, qui s’était installé dans un premier temps à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Un nouveau challenge s’ouvre à lui pour démontrer son talent.

Xavier Malandran © AA

Une station de tramway pour Charles Barrier

Les Tourangeaux n’ont pas oublié leur « trois étoiles » historique, le grand Charles Barrier, qui tenait le restaurant le Nègre – autres temps, autres noms, autres moeurs – de 1944 à 1983, puis de 1986 à 1996. Depuis le 2 septembre, une station de tramway, non loin de son ancienne table, a été baptisée Charles Barrier en hommage au grand chef et ceci à l’initiative du Président de Tours Métropole Val de Loire, de son Vice-Président délégué aux mobilités et aux infrastructures ainsi que de du maire de Tours. On descendra désormais à Charles Barrier ! A noter que la maison (comme son annexe, le Bistrot de la Tranchée), tenue par Hervé Lussault, demeure toujours à la même adresse, au 103, avenue de la Tranchée.

Les chuchotis du lundi : le crazy mariage Michelin/Fooding, les mystères du National, le neuf exotisme du palais de Tokyo, le retour de Roucheteau à la Scène Thélème, Gioa italien étoilé à Paris, Maurey relooke Cristal Room Baccarat, Ducasse recrée un Spoon à la Bourse, Rech : Denon part, Boireau arrive, Ruz vend Lou Fassum, Barrier version tram” : 2 avis

  • Mais bien sûr, monsieur Poirot, notre gentil « troll », que c’est crazy, follement même. Merci d’ailleurs de nous suivre malgré tout avec autant d’attention. On s’ennuierait sans vous!

  • Gérard Poirot

    Et le PACS METRO/Pudlo, c’est pas crazy ?

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