Le somptueux fatras de Simon Liberati

Article du 28 août 2017

Son père va mal, il a 89 ans, est atteint d’une crise de démence. Simon Liberati décide de lui rendre hommage, de révéler sa dette envers lui, mais surtout de se livrer lui-même, au gré de l’inspiration et des souvenirs. Tout défile, en un éblouissant fatras, sa vie, ses compagnes, ses livres, le compagnonnage épisodique avec la drogue, héroïne ou cocaïne, les belles lectures, les filiations littéraires, André Breton et Aragon, avec qui son père se lia dans l’après-guerre, aux derniers temps du mouvement surréaliste, les poètes classiques, de Nerval (qui inspira le titre des « Rameaux Noirs ») à André Chénier (celui de « la Jeune Parque »), sans négliger Rimbaud), les irréguliers, les étrangers, les interdits, Wilde, Maurras, Barrès, T.S. Eliot. Liberati a écrit tard, Anthologie des Apparitions, Jayne Mansfield 1967, Eva ou California Girls. On ne citera pas tout. On avait aimé et chroniqué les deux derniers. Liberati semble aujourd’hui se chroniquer lui-même, opérer un (provisoire) bilan de sa vie. Eva, sa compagne actuelle, qui livre, cette rentrée, chez Grasset, sa propre version de ses rapports avec sa mère, est présente, qui le regarde écrire. Les déesses grecques (comme Mnémosyne, déesse de la mémoire, qui constitue le sous-titre de ce livre), les mythes, les vieux adages sont convoqués, invoqués dans cette quête. Cet étrange foutoir fascine. Un écrivain s’y raconte, avec franchise, sincérité, balance ses tripes sur la table, gardant son quant à soi. On attend la suite.

Les rameaux noirs de Simon Liberati (Stock, 285 pages, 19,50 €)

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Publié le 28 août 2017 par

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