Auberge Richebourg
« Creutzwald : la modestie du Richebourg »
Voilà une des tables – modeste, discrète, méconnue – de la « Moselle Gourmande« , judicieuse association qui combat pour la qualité en Lorraine, côté Moselle, et la mise en avant des produits de terroir. Les Kopp, qui sont présents à Creutzwald depuis dix neuf ans, s’efforcent de bien faire en offrant des menus pondérés et des idées en mouvement, sous une façade rouge, avec son clair décor moderne. Lydie accueille avec le sourire et le service est bien mené.
Aux commandes des fourneaux, Yves, qui a travaillé jadis à l’Europe chez Eugène Zirn, à Saint-Avold, offre du bon, du généreux, du solide, avec des hauts et quelques bas. Pour les bonnes choses, on citera un brave menu dit « bistronomique » à 29 € qui constitue la bonne affaire du lieu, un amuse-gueule, style émulsion de pommes de terre crémée aux truffes plein de charme, un Å“uf croustillant aux champignons crémés qui fait un bel exercice de style et encore d’amusantes gambas poêlées accordées au pied de cochon avec des petits pois à l’estragon non dénués de verve.
Pour le moins bon, on relèvera des ravioles dites florentines, donc aux épinards, un poil trop « al dente », donc carrément durailles, avec sa sauce crémée au parmesan d’une fadeur coupable, une quiche lorraine, exagérément salée, gratinée un peu lourdement au fromage avec un peu trop de lardons. On ajoutera un « fondant de veau » (dit « oublié au coin de la cheminée » avec ses girolles) qui l’est vraiment (« fondant »), même s’il est également bien sec. Et un confit de canard pas grillé, donc franchement ramollo.
Pas grave, direz-vous, et sans nul doute perfectible. D’autant que le côte de brouilly de Trénel passe là dessus avec aise, que l’entrecôte à la plancha avec sa sauce poivre au cognac est bien tendre, et que le fort classique mille-feuille à l’ancienne a le goût d’enfance. Une dernière critique à la « dame blanche » maison avec sa curieuse crème tournée et sa glace vanille style « Carte d’Or » au goût chimique caractéristique. Mais le pré-dessert – une mousse au café – est carrément délicieux. Et le café lui même, proposé serré à l’italienne, fort bien mené. Bref, voilà un Richebourg modeste… et perfectible!