« C’était bordélique, donc sympa« , m’a dit Frédéric Lefèbvre, le secrétaire d’Etat au commerce, à l’artisanat et au tourisme, dans le creux de l’oreille, épaté par les quelques 620 personnes- ça fait un gros village!- qui avaient envahi la belle salle d’accueil du Shangri -La pour subir les discours enflammés de votre serviteur, récompensant les lauréats de l’année. Les chefs avaient tenu leurs promesses. Ils répondaient présents. Les buffets étaient délicieux, le vin joyeux, la boukhra exquise, la poutargue parfaite. J’en oublie? Forcément…

Les salons dorés du palais de Roland Bonaparte, riches de beaux stucs et de hauts plafonds moulurés, étaient envahis d’une foule pacifique et point du tout révolutionnaire. Hugues Aufray, qui trônait en invité d’honneur, Derec en lutin facétieux, Jean-Claude Narcy en homme d’ordre, Christian Millau en observateur malicieux, Corbassière avec son chapeau légendaire,  plus les dizaines de chefs, journalistes, hirondelles d’un soir qui s’étaient glissés avec aisance dans ce brillant parterre: tous m’avaient fait comprendre que la sortie publique de ce 21e Pudlo Paris, édition 2011, était un moment de joie attendue.

La crise à Paris? Connais pas. Guy Savoy, Yannick Alleno, Alain Ducasse, Alain Passard, plus bien d’autres grandes toques étaient là, venus soutenir leurs cadets, rendre hommage aussi à ce guide qui pour beaucoup les avaient découverts. On s’y souvenait de nos repas d’avant, Passard des belons aux endives et des langoustines marinées au caviar au temps du Duc d’Enghien, Savoy des aiguillettes et foie de canard de la rue Duret. On trinquait au Pommery rosé, au gewurz de Metz à Blienschwiller, au riesling de Klipfel à Barr, au gamay de Marionnet, en goûtant la choucroute virtuelle de Philippe Bohrer, les coquillages de Sylvain Guillemot.

L’Alsace et la Bretagne donnaient la main à Paris. C’était au Sangri La: un grand rassemblement un peu fou, comme une histoire d’amour. Les lauréats, les promus – ils étaient tous là – vous les connaissez déjà.

Le Pudlo Paris 2011, (Michel Lafon, 18,50 €), en vente dans toutes les bonnes librairies et sur les meilleurs sites (Amazon, FNAC.com, etc)