Stéphanie et son minotaure

Article du 18 mai 2017

Stéphanie Hochet vient d’obtenir le prix du roman de printemps pour ce livre au Festival de Saint-Louis (Haut-Rhin). Comme son héroïne, elle est habituée des salons littéraires qu’elle observe avec une lucidité amusée et désabusée. La jeune auteure au centre de son ouvrage comble les manques culturels des vacanciers, dans un bourg imaginaire du Lot nommé Marnas, durant l’été. « La culture en tongs« : voilà sa formule qui fait mouche. Mais ce qui débute par une amusante étude de mœurs sociales et littéraires va dériver vers le thriller, flirtant avec le fantastique.

La jeune auteure va dériver, elle, du camping à la bibliothèque, sans omettre la librairie et sa table d’écriture. Elle est passage enlevée par un groupe mystérieux, happée par le maire de la commune de Marnas, sorte de gourou politique, de chef de secte, de « duce de province », de Minotaure moderne, à la fois forte tête, animale, épidermique, néo-scientifique, fasciné par la disparition/réapparition de l’aurochs, qui lui fait entrevoir son musée des espèces riche en animaux et en êtres humains taxidermisés et lui demande d’écrire un livre à la gloire de son animal favori. On ne racontera pas tout le livre et, surtout, on ne déflorera pas la fin.

Familière de la cause animale (son « éloge du chat » est délectable), Stéphanie Hochet écrit avec humour, précision, sagacité, pertinence et force, se moquant des codes, brisant les frontières entre les genres. Les amateurs de littérature tout court seront à la fête. Les fans de polars aussi. Ce livre piège est, évidemment, une cinglante réussite.

Stephanie Hochet © Maurice Rougemont

L’animal et son biographe de Stéphanie Hochet (Rivages, 192 pages, 18 €).

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Publié le 18 mai 2017 par

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