La Pamela magnifique de Stéphanie des Horts

Article du 28 avril 2017

Comment une jeune fille du Dorset, issue d’une famille de hobereaux désargentées, deviendra l’une des femmes les plus aimées, l’une des plus désirées du monde, bref la courtisane du siècle : voilà le propos de ce livre drôle, riche, foisonnant. Stéphanie des Horts met beaucoup de pertinence, de faconde, d’humour dans sa façon de raconter l’irrésistible ascension de Pamela Digby, devenue Pamela Churchill, en épousant Randolph, le fils de Sir Winston – devenu « my dear papa » -, puis en conquérant les coeurs et plus de l’Aga Khan, Gianni Agnelli, Elie de Rothschild,  Stavros Niarchos, sans oublier quelques artistes, d’Ed Murrow à Maurice Druon jusqu’à Franck Sinatra, et, bien sûr, les magnats américains qui assureront sa fin de carrière, sa fortune et sa posture dans la bonne société US, Leland Hayward et Averell Harriman, lui permettant, in fine, de soutenir la candidature à la présidence d’un certain Bill Clinton et de devenir ambassadrice des Etats Unis d’Amérique à Paris.

A la suivre, on voyage dans ce qu’on nomme non encore la « Jet Set », mais la « Café Society », mélange d’aristocratie flamboyante et de geste glamour,  en compagnie d’une jeune personne très amorale, qui met son plaisir, mais aussi son ambition, sa soif de richesse et de pouvoir au premier plan de ses préoccupations.

La vie torride entre l’Oberland bernois, Monaco et Long Island, avec des incursions sur la côte normande, donne lieu à de bien jolies scénettes et de savoureux portraits. « Quand ils ne pilotent pas des hors bords sur la Méditerranée, ne  dévalent pas tout schuss les pistes de Gstaad, ne dansent pas joue contre joue avec une beauté mystérieuse, les hommes du monde sont aux courses à Epsom, Ascot et Deauville. Ou aux ventes de yearlings qui drainent la bonne société. Ou encore ils jouent au polo. Ces gens sont terriblement occupés ».

Femme de pouvoir, dame de plaisir, Pamela Churchill-Harriman laisse derrière elle un fort parfum de soufre et de rose. Ce livre est comme son testament apocryphe, tantôt rédigé à la première personne, tantôt à la troisième, comme les deux faces d’un miroir. Joliment fait, savamment conçu, délicieusement vénéneux. Bref, un livre à croquer, grignoter, dévorer sans vergogne.

Pamela de Stéphanie des Horts (Albin Michel, 282 pages, 19 €).

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Publié le 28 avril 2017 par

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