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« Barcelone : les facéties de Jordi Cruz »
Jordi Cruz ? Imaginez un mixe de Jamie Oliver et Cyril Lignac, avec un brin de Jean Imbert, revu à la sauce catalane. Ce jeune homme à la tête bien faite et bien pleine, devenu une star de la télé et de l’édition de sa région si gourmande, gère ce restaurant deux fois étoilé avec entrain. Il y a du moléculaire ici ou là , de la création débridée, des variations plaisantes sur le « bloody mary » en cocktail ou à grignoter, des entrées parfois trop salées ou trop sucrées, mais l’enthousiasme est là , la dynamique aussi.
Au rez de chaussée d’un bel hôtel contemporain, au nord de l’avenue Diagonal, qui coupe la ville en deux, une équipe au taquet livre des apéritifs un tantinet gadgets : petites meringues dits « cocons » cubains de margarita, palourdes de Carril au beurre d’algues et caviar, consommé aux oursins et vieux rhum, taco au foie gras avec mie façon mole poblano à la mexicaine et glace au maïs ou encore pain chinois avec brioche frite anguille fumée et wasabi.
Il y a encore ce plus classique (d’apparence) turbot rôti, peau glacé, jus fumé d’arêtes, coques, aubergines et petits oignons au vinaigre façon pickles, les tomates sèches avec leur écume de miel toasté ou encore cette viande d’agneau rôtie et desséchée à la compote d’ail avec pousses de pains et jus caramélisés.
Bref, cela part dans tous les sens, même si le premier menu est dédié à « notre tradition » (avec tout de même les « bulles de schweppes et le sorbet mangue/genièvre », en guise de trou catalan, et le second à « notre avant-garde », avec les petits pois à « la graisse de jambon sans graisse » ou encore le baba aux cacahuètes imbibées de corail tiède de crevette au rutabaga et à l’huile d’olive. On ne s’ennuie pas chez Jordi Cruz…