Raymond Kopa : mort d’une légende

Article du 3 mars 2017
Raymond Kopa : mort d’une légende

Fontaine, Kopa, Vincent, Piantoni © DR

Sur la photo, ils sont quatre: Fontaine, Kopa, Vincent, Piantoni. Une attaque de rêve, images de héros, qu’on collectionnait sur les chocos BN. Ils furent compagnons au Stade de Reims, co-équipiers dans l’équipe de France de 1958, celle qui termina 3e en Suède, vaincue en demi-finale contre le Brésil, après la maudite blessure de Jonquet (en ce temps là, on ne remplaçait pas les joueurs sur le terrain). Mais on ne refait pas l’histoire. On se souvient de la légende. Sur la photo, toujours, Raymond Kopaszewski dit Kopa, né à Noeud-les-Mines, en 1931, est légèrement avancé. Il n’était pourtant pas avant-centre, mais ailier droit – on dirait aujourd’hui milieu offensif -, autrement dit n°10, ancêtre des Bonnel (à Valenciennes), Platini, Zidane. Poumon de l’équipe, tireur de penalty, dribbleur finaud, partenaire émérite et passeur patient, joueur de champ et de plein champ, leader incontesté, il fut six fois capitaine de l’équipe de France, et aussi le premier joueur français acheté à prix d’or par un grand club étranger, en l’occurrence le Real Madrid, avec qui il gagna trois coupes d’Europe, y compris contre « son » Stade de Reims. On voulait tous lui ressembler. Il avait l’élégance, le prestige, la finesse, l’intelligence de jeu, la réflexion juste, le sens aussi de la provocation, qui le fit d’ailleurs mettre à l’écart de l’équipe nationale.

Raymond Kopa : mort d’une légende

Au temps du Real et de la Coupe d’Europe © DR

Un précurseur? Sans nul doute. Il avait inspiré les uns et les autres, comme Raymond Reding, le dessinateur de Jari et Jimmy Torrent, pour Tintin, jadis, qui avait créé le personnage de Vincent Larcher, qui était, lui, avant-centre à Valenciennes. J’avais, dans ma chambre à Metz, autrefois, sa photo punaisée juste au-dessus de mon lit. A côté de celle de Masnaghetti et des 35 ballons de son record, comme avant-centre au VAFC, autrement dit l’équipe de Valenciennes, pratiquant le 4-2-4 et l’offensive, celle de Domergue, de Piumi, de Kocik, de Provelli et de Sauvage,  en 1963. Une histoire de football? Pas seulement. Surtout une leçon de vie. Kopa nous plaisait car il avait créé son chemin, s’était inventé un destin, tracé une route. Avait lancé un jour, au grand dam, des dirigeants de l’époque « les joueurs sont des esclaves« . Ils étaient évidement moins libres, moins stars, moins riches, qu’aujourd’hui. Ils se battaient d’abord pour l’amour du sport. Ce petit franco-polonais, fils de mineurs, dont on avait réduit le nom pour en faciliter la prononciation était d’abord un modèle, un exemple, un symbole, avant de devenir une légende. Daniel Picouly, l’auteur du « Champ de Personne« , me l’avait d’ailleurs dit un jour: « Pudlo, c’est comme Kopa, c’est en raccourcissant son nom qu’on devient grand« . J’y ai souvent songé. Aujourd’hui, je perds comme l’image d’un père, la marque d’une icône. Avec sa disparition, nous, gens de l’Est, qui grandîmes dans son ombre céleste, sommes tous un peu orphelins. Mais les légendes ne meurent jamais. Allez Raymond, tu restes vivant dans notre coeur !

Raymond Kopa : mort d’une légende

Vincent Larcher par Raymond Reding © DR

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Publié le 3 mars 2017 par
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