Les illusions perdues de François Roux
Son précédent livre (le Bonheur National Brut), paru il y a un peu plus de deux ans, était une vaste fresque qui contait le destin de quatre héros, qu’on voyait évoluer depuis leur bourg de Bretagne jusqu’aux méandres de Paris, du 10 mai 1981 au 6 mai 2012, de la victoire de Mitterrand à l’avènement de Hollande, bref, de François à François. Une manière vive, foisonnante, romanesque, de narrer les faux espoirs d’aujourd’hui. « Tout ce dont on rêvait » est lui aussi le roman d’une époque, à travers des personnages moins nombreux et de leur évolution chaotique des années 1990 à aujourd’hui. Mais ce n’est ni une suite moins ambitieuse, ni le deuxième volet d’un fresque.
François Roux y dresse toujours la chronique d’une époque désenchantée, racontant l’histoire de Justine entre deux frères, l’un, Alex, dont elle tombe amoureuse, mais elle se détachera, pour épouser le second Nicolas. Elle les rencontre lorsqu’elle a vingt cinq ans. On la retrouve vingt ans plus tard. Elle est infirmière en psychiatrie, cherche son identité, mère de deux enfants, dont Adèle, une jeune fille très raisonneuse. Mais toute sa vie bascule quand Nicolas, cadre supérieur qui se croit solidement établi, se retrouve brusquement au chômage, cherchant un nouveau destin, devient militant altermondialiste borderline, tandis qu’Alex, lui, mène une vie de gigolo de luxe assez précaire. On ne racontera évidemment pas la fin.
Mais notons que ce roman des illusions perdues joue brillamment avec le destin de ses personnages, entre itinéraire houleux, chute et rédemption. C’est vif, touffu, brillant. Et cela se lit aisément comme une sorte de thriller social fort bien structuré.
Tout ce dont on rêvait de François Roux (Albin Michel, 325 pages, 20 €)
Beau roman !