Eric, Antoine, Charles, Daphné et les autres

Article du 28 février 2017

Eric, Antoine, Charles, Daphné et les autres

Neuhoff, fils de Sautet ? Pourquoi pas? Il y avait Vincent, François, Paul et les autres. Il y a désormais Antoine, Bénédicte, Daphné, Charles et bien d’autres. Dont le narrateur, qui revient sur les traces de ses vacances d’adolescent, sur la plage de Canyelles Petites à Rosas. Des familles françaises s’y établirent l’été, achetèrent des pieds à terre de charme. Le héros de ce livre, qui n’a pas de prénom, mais que l’on pourrait appeler Eric, est né à Toulouse, est devenu architecte à Paris. Il part avec ses deux enfants, Frédérique et Clément, et ouvre, pour eux d’abord pour nous surtout, la boîte aux souvenirs. Un air de musique, les tubes d’été, les films, les  années 1960 et 1970, entre les Beatles et Michel Sardou, Cria Cuervos et Porque te vas, Johanna Shimkus et, bien sûr, Yves Montand dans « César et Rosalie« . Son père, qui conduit sa 403 bleu marine le coude sorti de la portière, imite Montand à la perfection. Il se demande si la scène du chien (« qu’il est con ce chien« !) est inventée ou millimétrée.

Sa sÅ“ur Zoé, qui ne fait rien comme personne, brille en ski nautique, mais deviendra une romancière à succès. Et puis il y a surtout les amis, que l’on a nommé en liminaire et seront davantage que des compagnons de vacances, des partenaires de jeu, des partenaires de vie, Daphné dont ils seront tous amoureux et qui deviendra comédienne, Antoine, qui multipliera les mariages, Charles qui rate tout ce qu’il entreprend à commencer par sa vie sentimentale. Mais on ne va pas tout raconter, tout déflorer. Le charme de ce livre: outre son écriture cursive, ses phrases vives, rapides, courtes, lapidaires, quand il le faut, qui sont celles de l’auteur d »Un Bien Fou » et de « la Petite Française », il réside dans son don pour évoquer une odeur, une époque, une musique, un fou rire. On y passe aussi beaucoup de temps à table, on y dîne même chez El Bulli (Neuhoff, qui a le snobisme tenace, écrit à la française: le Bulli). On boit du rioja ou du verdejo, et on y sacrifie à la paella à l’encre. Bref, voilà une Costa Brava drôle, vive, nostalgique, gourmande, dédiée aux vacances (« nous avions trop longtemps cru aux vacances« , note quelque part Neuhoff, rendant hommage à Eric Ollivier, hussard oublié, mais aussi à Michel Déon, celui des vacances au soleil de Spetsaï et de Patmos, à qui l’ouvrage est dédié). Voilà un de ces livres – trop rares – qui font du bien.

Costa Brava d’Eric Neuhoff (Albin Michel, 297 pages, 19,50 €).

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Publié le 28 février 2017 par

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