Ce sont les confessions d’une cuisinier alsacien voyageur que livre Jean-Yves Schillinger avec son premier ouvrage de recettes. Fils de, ayant mené sa carrière propre, transité à New-York, après quitté la maison familiale, Jean-Yves s’est fait un nom et un prénom. Il ne devait pas aisé de créer sa propre personnalité en étant le rejeton de ce diable de Jean Schillinger, grand cuisinier classique, fort en gueule et en caractère, expert en foie gras, zélateur du canard au citron (une recette indémodable!), président des Maîtres Cuisiniers de France, décédé dans l’incendie (criminel) de son restaurant. Jean-Yves a fait oeuvre de résilience, est parti pour la grosse pomme, s’est frotté aux cuisines du monde, inventant la sienne propre. Ce technicien expert, qui exerce au sein de la Petite Venise colmarienne, est revenu chez lui retrouvant une aura et un identité neuve. A la fois classique et fusionnant, jouant la tradition d’Alsace que les clins aux USA, la Chine ou le Japon, il séduit avec force.

Son livre tient du « scrap book » comme disent les Américains, avec des souvenirs de voyage, de l’hommage aux racines (« le foie gras d’oie frais comme mon père me l’a appris »), du clin d’oeil aux saveurs futures (soupe tiède de pommes de terre et ganache chocolat amer) ou anciennes retrouvées (ravioles de foie gras fumé au consommé de queue de boeuf). Sans omettre le coup de chapeau aux fournisseurs amis, gens de métier de bouche, sincère et passionnés. Voilà bien un livre d’amitié.

JY’S de Jean-Yves Schillinger, photos de Lucas Muller (Chêne, 191 pages, 35 €).