Decoin et son roman japonais

Article du 17 janvier 2017

Decoin et son roman japonais

Dans le Japon du XIIe siècle, Shimae est un village paisible des bords de la rivière Kusagawa. Le héros du village ? Le pêcheur Katsuro qui livre ses plus belles carpes au bureau des jardins et des étangs de la ville impériale de Heiankyo. Lorsque celui–ci meurt noyé, sa veuve Miyuki doit remplir sa tâche à la place, cheminer à travers le Japon de tous les dangers et apporter les carpes précieuses pour les étangs sacrés, à la force des bras, avec son eau douce, à travers les obstacles naturels et les ennemis de toutes sortes. Evidemment, le voyage sera semé d’embûches. Quand Didier Decoin suit une héroïne (cf la femme de chambre du Titanic, la Promeneuse d’Oiseaux, une Anglaise à bicyclette, la pendue de Londres), on se doute que rien n’est si simple, que la vie ordinaire frôle forcément le tragique. Petite paysanne inculte, Miyuki va devenir, bien malgré elle, une séductrice.

Dans un monde où les odeurs et les parfums jouent un rôle d’exception, cette jeune veuve si près de la nature va vite fasciner les uns et les autres, avec sa franchise, son naturel, sa simplicité, sa naïveté, sa vérité. Rapportera-t-elle ses huit carpes destinées aux étangs impériaux? Echappera-t-elle aux voleurs et aux maisons closes? Connaîtra-t-elle un nouveau destin? Frôlera-t-elle le mystérieux  et jeune empereur qui doit donner, chaque année, le thème d’un grand concours des parfums ? On ne raconte pas ce livre qui ressemble à une quête initiatique faute d’en déflorer l’issue. L’essentiel? Le magicien Decoin qui était si à l’aise dans Manhattan, Brooklyn ou l’Angleterre du XIXe siècle, nous plonge dans le Japon de l’époque Heian, avec un aisance déconcertante. On se coule dans  le moule sans crier gare et on n’en ressort comme lessivé, essoré, quasi noyé, goutte à goutte. C’est à la fois surprenant et insolite, magique et fascinant, cruel et déconcertant. Dans tous les sens, une cinglante réussite.

Le Bureau des Jardins et des Etangs de Didier Decoin (Stock,  388 pages, 20,50 €).

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Publié le 17 janvier 2017 par

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