Vétheuil © GP

Depuis fin septembre, je tourne autour. J’aurai donc attendu le dernier jour pour voir, admirer, scruter, jauger, l’exposition Monet. Le choc d’un oeil, qui cerne « l’homme tout entier« , disait Clemenceau. Il y a les variations sur l’eau, la Seine ou la Tamise, Vétheuil et Giverny (« l’été est pour penser aux peintres, aux musiciens l’hiver« , écrivait Morand dans un court essai portant ce nom), les cathédrales, notamment celle de Rouen, Londres encore et Venise, la Seine encore à Saint-Adresse, avec cette terrasse figée pour l’été, les Nymphéas dans leur miroir, les meules explorées, scrutées, détaillées, revisitées cent et cent fois.

Terrasse à St Adresse © GP

Monet, on le sait, c’est un oeil. Il y a la mer agitée au pied de la falaise d’Etretat, et puis ces natures mortes obsédantes, ces bleus, ces gris, ces blancs, déliés. La foule nombreuse qui s’agite, et s’agitera encore ce soir jusqu’à 21h, est fascinée par ce regard qui change, évolue, balance, comme une sorte de météo interne. Peintre de l’oeil diffus, inventeur de la peinture en plein air, recréateur du paysage, Monet retient par la multiplicité de ces instants volés qui nous sont livrés comme une collection hétéroclite, un puzzle d’images.

Etretat, la mer agitée © GP

On est allé rechercher à Chicago, à Londres, à St Pétersbourg, au Havre, à Zurich, St Gall et… Paris, ces toiles qui se complètent et livrent une vision du monde chatoyante, chamarrée, comme un plaid, un jeu de dominos, livrant ses clés. Magique Monet.

La queue pour Monet © GP

Monet, au Grand Palais, 3, avenue du Général-Eisenhower, Paris 8e. M°: Champs-Elysées-Clémenceau. Jusqu’à 24 janvier, 21h. Catalogue de l’exposition: 50 €.