Sinapian en fait-il trop ?

Le comité de direction du groupe Pic © compte instagram David Sinapian

C’est la bourde de Noël du président des Grandes Tables du Monde: se faire représenter façon Tony Soprano, assis sur un fauteuil Chesterfield, au centre du comité de direction du groupe Pic, alors que son épouse, Anne-Sophie, la chef trois étoiles de Valence, est en équilibre sur le bras de celui-ci, et, surtout, poster la dite photo à la fois sur son compte Instagram le 19 décembre, relayé sur sa page Facebook. Parmi les commentaires relevés sur cette dernière, on note: « Plus classe si AS était dans le fauteuil, c’est elle la reine, non … » . Ou encore: « Dommage que Anne- Sophie ne soit pas plus valorisée, même si elle est la discrétion même et l’humilité. » Il est vrai que David Sinapian, pourtant conseillé par son dir’com, qui est aussi celui des  Grandes Tables du Monde, Nicolas Chatenier, nous avait habitué à davantage de discrétion. Notons, en tout cas, qu’Anne-Sophie ouvre le 26 janvier sa toute neuve « Dame de Pic » londonienne, dans le cadre du Four Seasons du 10 Trinity Square.

Akrame returns

Akrame Benallal © GP

Akrame Benallal, ce n’est pas Batman, mais presque… Ce concentré d’énergie au service de la cuisine française, de ses produits, de ses idées s’était créé un mini empire rue Lauriston (Brut, Atelier Vivanda, puis sa table couronnée de deux étoiles). Il s’est, entre temps, installé dans un lieu « provisoire » à fond de cour, avec sa collection d’art, prêtée, louée, offerte par ses partenaires Ouzbeks.  Le lieu est désormais le sien. Présent à Hong Kong comme à Bakou, dans le Marais ou rue du Cherche Midi, Akrame s’apprête à ouvrir, fin janvier, aux Champs-Elysées, dans l’ancien Devez (« Shirvan, Café Métis »), il reçoit dans son nouveau chez lui avec une faconde seigneuriale, mais sans morgue, délivrant de fort belles idées, neuves, lucides, limpides, singulières, qui sont d’un vrai créateur, au fait de son temps et de son sujet, sans négliger la saison et les envies du moment.Il sait jouer le classique allégé, recomposer l’idée d’un menu surprise à sa manière (chez lui, pas de carte, il le réaffirme), livrant une flopée d’idées séductrices. En amuse-gueule, les petites tartelettes d’anguille fumée, de poire et betterave, la crème de topinambour et cacahuète fumée, la dingue saint-jacques crue, mariné sur sa coquille, aux agrumes, la noix de la même saint-jacques cuite sur les noyaux d’olive avec une mayonnaise café/vanille annoncent la couleur de sa neuve manière : belle, nette, brillante, sans chichi d’aucune sorte. On vous en parle très vite.

L’hypothèse Piège

Jean-François Piège © GP

Sera-t-il le nouveau trois étoiles Michelin? Notons qu’outre qu’il le mérite largement par la précision de sa cuisine qui redonne aux grands classiques (pomme soufflée revu au caviar, biscuit d’omble chevalier façon quenelle, gâteau de foies blond selon Lucien Tendret) leur sens, à la façon d’un Alain Chapel du XXIe siècle, Jean-François fut trois ans d’affilée « outsider » à la 3e étoile au guide rouge. Il est vrai que c’était au Crillon il y a une décennie. Depuis, Piège a prouvé son savoir-faire chez Thoumieux avec les Costes. Il est désormais pleinement à son compte depuis quinze mois dans un lieu qui lui ressemble. Le Grand Restaurant, nommé ainsi avec humour en référence au film incarné par Louis De Funès, est une table d’artisan, avec sa cuisine à l’entrée, précédant une salle en longueur de trente couverts, avec son élégante verrière et ses appliques Baccarat. Ses plats ciselés, son équipe dynamique et motivée, toute entière tournée vers la perfection, est au diapason du maître, qui a entamé sa 6e saison de Top Chef. Attribuer trois étoiles à ce vrai chef chez lui serait, de la part de l’équipe Michelin, délivrer un message fort.

Odette arrive

Sophie Rostang et Yannick Lahopgnou © GP

Les Rostang vont créer l’événement de tout début janvier en ouvrant Odette. Aux commandes des fourneaux, supervisés par Michel, tandis que ses deux filles Caroline et Sophie veillent le service, un quasi inconnu de la maison Rostang, mais qui ne l’est pas pour nos lecteurs, puisqu’il s’agit de Yannick Lahopgnou, natif du Cameroun, passé à Osaka – il y officiait dans un restaurant français étoilé -, mais aussi au Meurice à Paris période Alléno, que l’on connut il y a peu dans l’ancien Pierre au Palais Royal devenu Zebulon. Le style de la maison, décorée par Alexandre Danan, avec ses élégantes vagues de bois, sera tendance, légère, avec des assiettes version tapas à partager, comme la pointe de morue à l’avocat rôti et livèche, le canard sauvage rôti sur l’os et artichauts ou encore les encornets et salsifis en carbonara. L’adresse: 25, rue du Pont Neuf, au rez de chaussée du neuf hôtel Maison Albar Paris Céline.

L’avenir de Cordeillan-Bages

Château de Cordeillan-Bages © GP

Jean-Luc Rocha, le chef deux étoiles de Cordeillan-Bages, est parti pour Paris, remplacer Virginie Basselot au Saint-James avenue Bugeaud. On s’interroge donc légitimement sur le futur de son ancienne maison. « Un cadre moderne où l’on se sent bien dans une jolie chartreuse du XVIIème au cœur des vignes. Un savoir-faire reconnu depuis 1992. Deux chefs deux étoiles qui ont successivement façonné le visage de la maison. L’arrivée début 2017 d’un jeune chef talentueux qui aura à cœur d’exprimer sa vision d’un dialogue inventif entre haute gastronomie et grands vins« : voilà ce que dit le site de Cordeillan-Bages. Le seul problème est que le choix du nouveau jeune chef n’a pas été encore opéré. La maison, qui ferme tout l’hiver, rouvre au printemps. Le père fondateur du lieu, Jean-Michel Cazes avoue sobrement: « nous allons perdre nos deux étoiles, mais en attendant, on cherche« .