L’hommage au père éternel de François Cérésa
Il avait tout pour lui, la force, le charme, la fougue, l’habileté, qu’il a tenté de transmettre à son fils. Lui c’est Poupe, le père du narrateur qui dresse une stèle à ce héros ordinaire. Fils de « fumiste », au sens noble, d’origine piémontaise, bâtisseur et bretteur. « Mon père, aristocrate et prolo, superbe et impulsif, étranger à la vulgarité, était un lion, un tigre, un guépard, tendre et dément, émerveillé de rien, aux mille expressions argotiques. Avec lui, ça tourbillonnait. Il maniait la truelle comme d’Artagnan maniait la rapière« .
L’auteur du Cimetière des Grands Enfants (Lattès, 1983) et de la Femme aux cheveux rouges (Julliard, 1999), du Lys Blanc (l’Archipel, 2015) et du Mariage Républicain (2016), que bizarrement, il ne cite pas dans son « du même auteur », raconte avec panache, évoque ses péripéties, celles de son enfance, le papy doriotiste, les vacances à Antibes ou à Houlgate, les parties de tennis, les voitures de prestige et de mémoire, les repas où l’on croise Nucéra et Boudard, les vieux copains. Ce roman est d’ailleurs un livre d’amitié, et Poupe, le père aimé, serait l’aîné de toute cette fratrie de hussards que Cérésa, le big boss de « Service Littéraire », s’est construit au fil des ans.
Grande bringue charmeuse, il raconte comment à vélo, il cogne un mastard du 9.3 qui le coince en voiture et qu’il traite de « gros con » avant de laisser hagard et brisé sur la chaussée. Il parvient à rire dans l’adversité. A conter l’autre face de la vie. Celle qui dure. Son livre est une antidote à la tristesse, un acte de courage, une belle action.
Poupe de François Cérésa ( Editions du Rocher, 275 pages, 18,90 €).