Le crépuscule des vieux

Article du 11 janvier 2011

Clemenceau meurt solitaire en Vendée, après avoir sauvé la patrie en danger. Le Corbusier  disparaît dans le silence et l’anonymat, au bord d’une plage oubliée. Sagan finit mal, très mal, en proie à la drogue, au fisc et aux dettes. Alexandre Dumas le prolifique est réduit à l’état de grabataire, réfugié chez son fils, recroquevillé dans son fauteuil d’impotent. Descartes achève son existence de raisonneur en Suède, dans le froid, l’insomnie, le désarroi. Et puis Fréhel, Ezra Pound, Kropotkine, Courbet ou Lamartine… A l’un la folie, l’autre la ruine, la misère ou le gâtisme. A tous l’oubli, après une vie chargée de gloire. Même s’ils sont aujourd’hui à nouveau célèbres. Michel Ragon, qui voulait écrire « le crépuscule des vieux », a rédigé là une série de sobres requiems, striés, ça et là, d’humour noir. « La vieillesse est un naufrage », notait le Général. Surtout quand l’ingratitude du temps et les aléas de la mode s’en mêlent, suggère Ragon avec cet opus sombre, féroce, funèbre.

Ils se croyaient illustres et immortels… de Michel Ragon (Albin Michel, 153 pages, 15 €).

A propos de cet article

Publié le 11 janvier 2011 par

Et vous, qu'en avez-vous pensé ? Donnez-nous votre avis !