La Maison d'à Côté
« Montlivault : les tours de magie de Christophe Hay »
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C’est un univers double avec son bistrot, juste à côté, dans son ex-table gastro, ses douze chambres et suites modernes, réparties sur deux maisons, sa neuve demeure moderne, en lieu et place d’un ancien café PMU: Christophe Hay, natif du Val de Loire, formé chez Eric Reithler, à Blois, au Rendez-Vous des Pêcheurs, passé cinq ans chez Bocuse, chef de l’hôtel de Sers à Paris, a réussi à imposer ses lieux, sa manière, son style. Il est devenu le magicien des bords de Loire, jouant à merveille des produits du fleuve, entre eaux et jardin, cultive son potager soin, oeuvre chez lui, sans tricherie, en cuisine ouverte.
S’il fait désormais bistrot, juste à côté, dans ce qui fut sa table étoilée, il a ouvert sa table gastronomique, dans une demeure couverte de lattes de bois, qui fut jadis – mais on a peine à s’en souvenir – un café PMU. Le lieu reçoit avec charme et décontraction, dans sa belle salle moderne où le personnel de salle sourit, où le sommelier Sébastien Durance propose la belle bouteille du moment, en prise directe sur le Val de Loire en train de se faire, sans omettre l’équipe de cuisine qui œuvre, à labos ouverts, devant un grand fourneau Enodis, où les chefs virevoltent des fourneaux aux tables, venant expliquent aux clients, attentifs et requis en complices, des assiettes esthétisantes, mais pas trop.
Celles-ci jouent la Loire avec ardeur, les belles idées du moment, la tradition revisitée avec malice, les poissons glanés aux abords par un pêcheur ami. Ce qui vous attend là? La mousse de gardon avec sa crème de persil, le mulet mariné au coquelicot, avec blanc manger au poivre Timut et fenouil, l’anguille caramélisée, sésame noir et artichauts poivrade ou encore l’oeuf fermier cuit à basse température, avec sa langoustine, sa truffe d’été et un brin d’oxalys. Bref, du talent à revendre, des idées justes, des goûts nets et précis avec des saveurs qui bousculent le palais, mais sans le provoquer.
On ajoute le splendide sandre de Loire avec ses courgettes, tomates cerises et jus de bourrache du jardin ou encore le tendre et si savoureux bœuf wagyu, élevé dans les parages, chez M. Roussel (des laboratoires du même nom!), servi avec des pommes de terres nouvelles, de la laitue de mer, arrosé d’un trait vinaigre de sureau: superbe! Bref, avec la mousse aérienne de chèvre aux herbes et miel de sapin, on fait là un repas plein de saveurs et de légèreté.
On arrose le tout d’un surprenant et frais muscadet Orthogneiss, d’un riant cour-cheverny domaine de Montcy ou d’une rayonnante Marginale de Thierry Germain, quintessence du cabernet franc sublimé, en saumur-champigny. Sans omettre de faire un sort aux fraises avec leur fine tarte sablée au jus de cassis. Bref, à deux pas de Chambord, on sent bien que quelque chose de grand et de gourmand se passe ici. On reparlera de Christophe Hay !
Un brillant repas ce jour dans ce restaurant incomparable. Une attention de tout le service au client, un sommelier d’une grande gentillesse et avec une faculté d’adaptation adorable, une connaissance parfaite, lors du service, des techniques et des cuissons, et un chef aux petits soins.
La carpe, le sanglier et le lièvre à la royale servis ce jour restent d’immenses plats largement dignes d’un deux étoiles. La cuisine des produits locaux fait également honneur à cette table. Cèpes et truffe arrivaient dans la journée, il nous aurait fallu rester le soir pour les goûter !
Une cuisine au plus près du terroir, avec une précision impressionnante. Et, encore une fois, une modestie et une intelligence de tout le service qui donnent vraiment envie d’éprouver cette table au rythme des saisons.
Merci encore à tous pour ce moment exceptionnel !
Gilles, pour le Cour-Cheverny, c’est celui du Domaine de Montcy pas de Montcel.
Pour y avoir déjeuner samedi 27 août 2016 avec pratiquement les mêmes plats, je partage totalement ce brillant état des lieux en apportant la précision sur le partenaire essentiel de la cuisine de Christophe, son pêcheur et ami Sylvain Arnoult, sans qui celle-ci ne serait pas aussi ligérienne. Certains plats flirtent avec les 2 étoiles, ils restent aux autres à les rejoindre ce qui ne devrait pas trop prendre de temps.