Le premier roman japonisant de Jean-Marc Ceci
Consacrer un premier roman à l’art du pliage du papier à la japonaise, avec force explications sur ce travail patient, soigneux, mais surtout rédiger cet ouvrage comme une suite de scénettes courtes proches du haïku, avec des idéogrammes nippons au dessus de chaque chapitre: c’est la gajeure tenue par Jean-Marc Ceci dans ce livre surprenant. L’éloge du silence, de la patience, de la solitude et de l’amour: voilà ce qui transparaît. Le sujet, édicté sans emphase: la venue du jeune Kurogiku (« chrysanthème noir » en japonais) dans une demeure en ruine de Toscane qu’il va habiter durant quarante ans en attendant de revoir son amour d’enfance, une belle italienne (« la Signorina Tchao »), entraperçue dans son pays natale. L’arrivée d’une jeune horloger italien, qui a le projet de construire la montre à complications, basée sur la technique de l’origami, va perturber son ermitage et le renvoyer à ses origines.
Ce livre étrange, rédigé avec simplicité, recourant volontiers à l’aphorisme mainte fois répété (« toute beauté possède sa part d’ombre« ) ne manque pas de charme. Si vous ne savez pas ce qu’est le « washi » et le « kozo », ne laissez pas passer cette jolie curiosité, qui fait de la sobriété et de l’ellipse un bel art et vous laissera plus riche à l’issue de sa – brève – lecture.
Monsieur Origami de Jean-Marc Ceci (Gallimard, 158 pages, 15 €)