Le Cerf
« Marlenheim: un Cerf très alsacien »
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Des grandes maisons d’Alsace qui défendent aussi bien leur région, il en est peu. Certes, Michel Husser n’a plus qu’une étoile chez Michelin – où sa maison familiale est présente constamment depuis 1936 -, mais il joue le jeu du terroir et des traditions avec fidélité. Foie gras, raifort, choucroute, poissons de rivière, escargots sont mis en relief sur la carte (un peu figée dans sa typo façon brasserie sans doute), comme la fameuse bouchée à la reine et le vacherin glacé. Autant dire qu’on vient là se délecter tout en faisant honneur aux produits locaux.
Ce qui veut ne pas dire que la boussole maison n’indique pas la direction du Grand Est. Michel, formé jadis chez Senderens à Paris et dont le beau-frère Dominique le Stanc tient la Meranda niçoise, après avoir officié au Négresco, a le coeur au Sud. D’où ces idées de Provence, comme cette bouillabaisse monumentale proposée façon grand menu. Les amuse gueule (soupe de betterave et raifort, salade du jardin et foie gras de canard, mais aussi le maki de hareng mariné à la choucroute) possèdent du coffre et de l’étoffe.
Les mets ? Ils racontent à leur manière ludique, l’histoire de la région, avec ses quelques incursions côté Grand Midi. Ainsi, l’oeuf parfait, avec sa fleur de courgette et ses girolles, comme les beignets de ris de veau aux mêmes girolles ou encore les amourettes de rivière et escargots qui marient laitance de carpe et escargots grillés sur brochette, fischnecke de brochet (la version poisson des « fleischnecke », ces escargots de boeuf en pâte à nouille), avec son beurre blanc au jus de choucroute. Amusant, frais et bien dans l’esprit de l’Alsace de toujours sachant se renouveler à point.
On ajoute la soupe de poisson au « schum » rouillé avec son streussel aillé, qui « alsacianisent » un brin la bouillabaisse, mais encore le pavé d’espadon grillé à la plancha avec sa fricassée de courgettes de Nice, son olivade de légumes d’été au basilic, puis le cordon bleu de ris de veau en viennoise croustillante farcie de morilles et jambon blanc et le jeune brocard avec sa pastilla aux griottes, baies de goji (au lieu des traditionnelles airelles) et spaetzle.
Là-dessus, la malicieuse sommelière Audrey Schenherr vous trouve les accords (alsaciens) pertinents: frais muscat « le banni » du voisin Romain Fritsch, élégant riesling Kastelberg de Rémy Gresser à Barr, séducteur pinot noir Rahn de Mélanie Pfister à Dalenheim. Juste avant les jolis desserts de tradition: baba au rhum (et son rhum Diplomatico du Vénézuéla), vacherin glacé aux fruits rouges et glace vanille, que couronne un kirsch d’Hagmeyer à Balbronn.
On sort de là en chantant la gloire de l’Alsace gourmande retrouvée et avec le désir de relire quelques pages de l’Ami Fritz: « Est-il rien de plus agréable en ce bas monde que de s’asseoir, avec trois ou quatre vieux camarades, devant une table bien servie, dans l’antique salle à manger de ses pères ..? » Oui, cette maison, qui indique de gourmande façon la balise de la première commune de la route du vin, a bien mérité de l’Alsace.
Bonjour, on fait comment chez vous quand on n’aime pas le sucré salé, ni les mélanges de tout et n’importe quoi ?
Pourtant je sais apprécier un bon plat : une choucroute, un cassoulet, une poule au pot, un bourguignon, un carré d’agneau, un navarin de veau, etc…
mais sans artifice qui masque les saveurs du produit de base.
Désolé, mais pour mes papilles et surtout pour ne pas être malade je ne viens pas chez vous et pourtant j’aurai aimé découvrir votre table.
Essayez de penser au gens comme moi pour qui gastronomie n’est pas synonyme de mélange et surtout pas sucré salé.
Cordialement.
Dans un cadre chaleureux et familiale, une cuisine d’exception.
Une des meilleurs tables d’Alsace si ce n’est la meilleure…
Superbe ,cela donne envie de venir déguster dans ce grand restaurant de magnifiques recettes