Elle les ausculte, les inspecte, les raconte. Pour le Point et BFMTV, Anna Cabana s’amuse à décortiquer et à mettre en équation lisible les bêtes du zoo politique. En voilà une petite fournée, moins de trente, où se glissent deux têtes littéraires (Modiano, Finkielkraut) et deux  icônes du show biz (notre Johnny national saisi en flagrant délit d’ennui à St Barth et Patrick Bruel qui a peur qu’on le prenne pour un imbécile). Mais l’essentiel, de Wauquez à Fillon, de Moscovici à Villepin, de Montebourg à Buisson, sans oublier Juppé, qu’Anna affectionne tout particulièrement et auquel elle a déjà consacré un livre, est constitué de notices entre les lignes, de portraits à bâtons rompus, de bouts de portraits glanés au hasard, de souvenirs de ses débuts, comme cette interview brouillée, effacée (de sa cassette) avec Cécilia (dont elle fut la biographe) et ce rattrapage d’un premier reportage à Levallois par l’inattendue Isabelle Balkany. Bref, c’est plein d’esprit, inégal, malicieux, brouillon et brillant à la fois, souvent drôle (le passage sur Strauss-Kahn!), parfois hilarant et même édifiant (Jean-Louis Debré qui déteste Sarko – « un voyou, un gamin« – mais qui révère Hollande). Un point commun entre eux: ils ont toujours raison (sauf peut être Cahuzac croqué en « fantôme ») et prennent volontiers les autres pour des « cons » (la palme à Peillon), voire pire. Bref, on ne s’ennuie pas une minute dans ces portraits volés – où l’on déjeune ou dîne beaucoup! Assez pour en justifier une lecture de pur plaisir !

Quelques minutes de vérité, d’Anna Cabana (Grasset, 210 pages, 18 €).