Cela s’appelle « Mariage Républicain », selon le supplice (deux corps ligotés l’un à l’autre et plongés dans la Loire) imaginé par le sinistre Carrier à Nantes durant la Terreur. Et c’est le 2e tome – on allait dire la Saison 2 comme pour « Game of Thrones », « 24 heures Chrono » ou « Mad Men » – du Lys Blanc de François Cérésa. Vous vous souvenez de ce « Caroline Chérie » un brin trash, signé de l’auteur de l’auteur du « Cimetière des Grands Enfants » (Lattès, 1983, déjà!) et de « la Femme aux cheveux rouges » (Julliard, 1999). Notre Marie, alias citoyen Rayneau, déguisée en homme, espionne au service de Queyroy, lui même au service de Robespierre, puis de Fouché, s’est vengée de ceux qui l’ont violée au château de La Rose-Pitray. Elle se demande qui est ce Lys Blanc, zorro vendéen, qui la sauve des uns et des autres, mais lui a dérobé son fils pour l’emmener en Angleterre. Ne ferait-il qu’un avec le beau capitaine Louis Pietasolary qui est son amour fuyant, fugueur? Menacée de mort, condamnée par Carrier, usant de ses charmes, quoique gardant sa farouche indépendance, zigzaguant entre les Bleus et les armées de Charette, de la Roche-Jacquelin ou de Stofflet, jamais unifiées, passant de Nantes à Paris en aller-retour, la belle et rousse Marie, protégée aussi par le sage Joseph, traverse les temps troublés où coulent des flots de sang. Cérésa ne lésine pas sur l’hémoglobine, ruse avec l’histoire, lance ses clins d’oeil à Hugo, Dumas et Jacques Laurent, transforme son héroïne romantique en dur(e) à cuir de charme jamais vaincue, toujours survivante, sans cesse renaissante. Bref, on galope d’un chapitre l’autre, en abandonnant derrière soi les mille morts de la grande Histoire avec un H. Et l’on sent que le tome trois est tout prêt à paraître. Après tout, le Vicomte de Bragelonne comptait bien six volumes…

Mariage Républicain de François Cérésa (l’Archipel, 320 pages, 20 €).