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Amanda, Liberace et l’Amérique

Article du 31 décembre 2010

Elle est douée, fûtée, nous roule dans la farine, s’est réincarnée plusieurs fois en « Vieux Juif Blonde » ou iranien (« Chicken Street »), en Keith Richard, le batteur des Rolling Stones (« Keith Me »), ou en rabbin s’opposant à l’implantation d’un élevage de porc à Nazareth, ou encore en éleveur du même animal provocateur en Eretz Israël (« Terres Saintes »). Bref, elle n’est jamais où on l’attend.

Depuis « Ma place sur la photo », où elle jouait l’épouse de star discrète, Amanda Sthers raffole des métamorphoses. Son petit dernier est un mince chef d’œuvre du genre. L’ouvrage est bref, mais semble long, car la vie de son héros, Waldziu Valentino Liberace (1919-1987), pianiste rock de génie, capable de tout jouer, ayant lancé Elvis Presley et Barbara Streisand, tout en se produisant avec force paillettes à Las Vegas, est dense comme un roman fleuve.

Dans une neuve collection qu’elle inaugure – où David Foenkinos la relaye avec un Lennon malicieux publié à l’occasion des 70 ans de la naissance de ce dernier -, Amanda se met dans la peau d’une star impossible. Fou lucide, homosexuel provocateur et honteux à la fois, ayant multiplié les conquêtes et façonné à son image l’une de ses créatures avant de la jeter à la rue, se produisant avec une centaine de costumes en plumes, fourrures et strass, il aura créé un genre unique : le sien. Ce style Liberace, peu connu en France, même s’il préfigure les Boy George, les Michael Jackson, les Prince ou même les Marilyn Manson d’aujourd’hui, mais très années 60, très glamour, très rutilant, Amanda Sthers lui redonne vie avec une force inaccoutumée.

A travers cet artiste hors norme, né dans le Wisconsin, partant à la conquête de l’Ouest, c’est un portrait de l’Amérique d’hier à aujourd’hui qu’elle dresse. Celle-ci nous paraît préhistorique, intolérante, paradoxale. Mais c’est pourtant de la plus grande puissance du monde dans son quotidien bigarré qu’il s’agit. Voilà un grand portrait en concentré acide, et une bien belle fresque en résumé.

Liberace, d’Amanda Sthers (Plon, 121 pages, 16 €).

A propos de cet article

Publié le 31 décembre 2010 par

Amanda, Liberace et l’Amérique” : 2 avis

  • Bertrand Denoune

    excellent resume de Liberace. A Las Vegas, il faut aller voir son musée ou l’on retrouve toute son extravagance a travers entre autre, ses costumes, ses voitures….

  • « Ayant lancé Elvis Presley »?! Quand ils se croisent pour la première fois, Elvis est déjà connu et déjà en tournée… Pour le reste, j’ai une passion coupable pour les costumes de Liberace, surtout ceux des années 70.

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