Drieu, Guégan et le mot de la fin

Article du 7 mai 2016

Drieu, Guégan et le mot de la fin

La fin – imaginée, imaginaire – d’un grand écrivain qui a mal tourné: voilà à quoi s’amuse Gérard Guégan, lui qui excelle à réécrire l’histoire, à remettre les écrivains du passé dans leur contexte. Il nous avait fait le coup avec Aragon. Voilà qu’il replace l’auteur de « Gilles », d' »Etat Civil », de l’Homme couvert de femmes », de « la Comédie de Charleroi » à la fin de sa vie. Mars 1945: les Allemands, auxquels il a fait confiance, sont en fuite ou battus en brèche, Paris a été libéré, l’armistice n’est pas encore signé. Mais pour les collaborateurs, dont il fut, avec l’éminent titre de directeur de la NRF sous l’Occupation, les carottes sont cuites. Trois résistants, désignés par leur pseudo, Marat, Maréchal, Héloïse, se chargent de l’enlever, de le placer dans un faux théâtre mué en vrai foutoir, de le juger, mais, in fine, de le laisser libre de son choix. Pierre Drieu La Rochelle, si mal à l’aise avec lui-même, a été -t-il été le propre bourreau de sa vie, le prince de son angoisse, le maître de ses défaites? Gérard Guégan, qui nous donna jadis l’explosif « la Rage au Coeur » excelle à réécrire ce qui fut, dans cette « fable » brillante, jouant entre ironie et désespérant, à redéfinir le sens de l’histoire, de la littérature, de l’engagement. Un bref livre, mais une splendide curiosité.

Tout a une fin, Drieu, de Gérard Guégan (Gallimard, 131 pages, 10 €.)

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Publié le 7 mai 2016 par

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