Mon village à l’heure d’hiver

Article du 27 décembre 2010

Mon village sous la neige © GP

Retour en Alsace après un long périple breton, doux et ensoleillé. Et retrouvaille d’un monde oublié: celui des hivers de mon enfance. Avec ces manteaux de neige qui habillent toits et arbres, redessinent les chemins, redonnent du relief à la montagne douce des Vosges. Vosges vieillies, montagnes complices, collines amicales, chemins de crêtes familiers. Coups de fil, bien sûr, de mes amis de Paris qui s’inquiètent: »tu es isolé du monde? Et comment fais tu pour te ravitailler? Bref, comment se déplace-t-on ici ou là? Et quel est le danger?.. »

Mes réponses seront de deux ordres, entre silence et ironie. Ici, ce n’est pas le Groenland, ni un pays à part. Mais on retrouve l’air de la campagne d’ici, de sa moyenne montagne, son rythme naturel qui est bien celui des Vosges du Nord. « Dans mon pays, on ne questionne pas un homme ému« , dit René Char que je cite souvent et qui passa, non loin, l’hiver 1939/40, c’était durant l’attente de la guerre, dans cette période de l’histoire qu’on dit « drôle » et ne le fut pas tant que ça. Je repense à lui aujourd’hui, alors qu’avec ses amis venus du Vaucluse et du Gard, il découvrait, en compagnie du zouave Zillinger les parages de la Petite Pierre, « la dot de sa forêt, le ciel qui naît aux branches, l’ampleur de ses oiseaux chasseur d’autres oiseaux« .

Mais je radote. Vais-je vous réciter les Matinaux, le Nu Perdu, tous ces recueils de mots mystérieux qui disent la vérité de ce pays et sans lesquels on ne peut pas vivre? Je retrouve donc l’Alsace, ses chemins, ses maisons simples, ses odeurs de cheminées qui fument dans le grand silence blanc de l’hiver. Ecoutez la chanson lente qui vient d’ici.

Le clocher du village voisin © GP

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Publié le 27 décembre 2010 par

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