Eloge des mots par Bernard Pivot

Article du 25 avril 2016

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Les écrivains sont des despotes qui règnent sur le peuple des mots ». Ou encore: « avec ses noms communs et ses noms propres, le Petit Larousse aura été ma première agence de voyage« . Et enfin : « l’écrivain sera toujours considéré comme un être étrange qui entretient avec les mots des relations plus intimes et plus passionnées qu’avec sa femme, ses maîtresses, ses enfants, et même qu’avec ses chiens et ses chats« . Dans ce texte écrit pour être lu en public – qu’il inaugura au Théâtre du Rond Point, prolongea au dernier festival du Livre de Nancy, en septembre dernier, et dont l’enregistrement figure dans un précieux DVD joint au livre – Bernard Pivot adresse une jolie déclaration déclaration d’amour aux mots en général . Il s’imagine dans la peau d’un écrivain à qui rien n’a réussi – y compris son passage « catapostrophique » à « Apostrophes -, jusqu’à son obtention inopinée du prix Goncourt. Jour à partir duquel tout un chacun, de sa concierge à ses petits enfants, le désigne sous ce label. Son texte est à la fois drôle, riche, dense, jouissif, on peut même ajouter « anthologique« , « irréfutable » ou encore « bocusien« , termes avec lesquels notre auteur, qui dort avec les mots et se réveille avec d’autres, se doit de qualifier, vertueusement, un navarin d’agneau, sous peine de verser dans la banalité. Chacun attend sa verve, son beau mot, son esprit jamais banal. Et il est vrai que Bernard Pivot, qui s’est joliment coulé dans le moule d’un homme que les mots ont mangé, grignoté, dévoré, englouti, s’en tire avec brio. Sitôt achevée la lecture, on a envie de la reprendre depuis le début. Succulent exercice !

Au secours! Les mots m’ont mangé, de Bernard Pivot (Allary Editions, 102 pages, 18,90 €).

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Publié le 25 avril 2016 par

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