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Les saisons de papier de Jean-Paul Enthoven

Article du 15 avril 2016

Les saisons de papier de Jean-Paul Enthoven

Comment transformer le vil plomb de l’article journalistique en l’or pur de la littérature: lisez ce livre d’heures et vous comprendrez. Jean-Paul Enthoven, dandy lettré, à qui on doit, entre autres, un Dictionnaire Amoureux de Proust, un essai sur la mélancolie chez les écrivains (les Enfants de Saturne), sans omettre un joli roman autobiographique (Ce que nous avons eu de meilleur), livre ici ses chroniques littéraires revues et corrigées. Miracle, tout se tient avec justesse. Ce qui pourrait faire oeuvre de circonstance se transforme en (futur) livre de chevet. Sur plus de 600 pages, JPE narre sa vision du libertinage, se gausse de ses amis, louange les méconnus, taille ici des croupières, fait parler les morts. Il discute avec Bernard Frank, se livre sur Modiano, interroge, post-mortem, Jean-Paul Aron, l’auteur des Modernes, se souvient de François Furet, explique Cioran, expose le cas Drieu, lance des clins d’oeil à Barrès (« leurs figures« ). Ecrivain de droite à gauche, comme l’était Frank, hussard des mots, homme de culture à qui rien n’échappe, distillant humeur et humour avec un joli sens du dosage, il est incollable sur Flaubert, fortiche avec Kundera, respectueux avec Lévi-Strauss ou Berl, complice avec Maupassant (« mon bel ami« ), connivent avec Casanova (« divin Giacomo« ), malicieux avec Morand, Chardonne et Nimier. Bref, rien de ce qui littéraire ne lui est étrangère. Sa prose scintille. La parution des livres n’est qu’un prétexte. JPE nous donne là, mine de rien, un manuel de savoir survivre en littérature comme un sport agile, une manière d’être, une forme d’élégance artiste.

Saisons de papier, de Jean-Paul Enthoven (Grasset, 638 pages, 24 €)

A propos de cet article

Publié le 15 avril 2016 par

Les saisons de papier de Jean-Paul Enthoven” : 3 avis

  • THOMAS

    pourtant le portrait tout ces inutiles à la queueleuleu ça donne le vertige

  • Etre germanopratin n’est pas forcément un défaut. Et puis souvenez vous du mot de Philip K. Dick: « je suis vivant et vous êtes morts ». Merci de nous lire avec attention!

  • thomas

    plus germanopratin tu meurs, d’ailleurs il est déjà mort, non?

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