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La Bretagne … vue d’Alsace

Article du 25 décembre 2010

Un clin d’oeil alsacien vu de Bretagne. Ou de Bretagne vu d’Alsace. Avec ce texte tiré de mon Dictionnaire Amoureux d’Alsace (Plon) et reproduit tel quel, comme cadeau de Noël alsaco/breton.

« Blague alsacienne : « Qu’y a-t-il entre l’Alsace et la Bretagne ? Réponse : la France ». Explication : voilà deux régions particularistes, qui souffrent apparemment de leur – toute relative – solitude ou de leur enclavement, tout en étant très fières de leur identité, de leur langue et de leurs traditions. Qui remisent leurs costumes et leurs coiffes pour les fêtes, raffolent de la gourmandise, adorent le sucré et la pâtisserie (préférez vous le kouign amann ou le kougelhopf, le far aux pruneaux ou le streussel ?), vénèrent leurs clochers (leurs enclos pour les Bretons, mais le Clos Saint-Hune à Hunawhir ou le clos Saint-Imer à Gueberschwihr, qui produisent de si grands vins, ne sont pas mal non plus).

Bref, voilà deux régions éloignées qui sont sœurs ou cousines issues de germaines. Elles sont, certes, loin l’une de l’autre. Mais chacune envie sa lointaine voisine. « Ah, l’Alsace, sa propreté, ses fleurs, ses villages soignés avec ses maisons à tuiles plates, son déluge de colombage et de pans de bois, sa rigueur, son âpreté au travail, son soin en toute chose, son sens de l’accueil et sa gourmandise ! », pense-t-on en Bretagne. « Ah, la Bretagne, sa joliesse, ses maisons blanches et sobres, ses ports délicieux, ses plages au sable imaculé, ses petites villes de caractère pourvues de demeures à pignon, ses crêperies, ses galettes, son beurre salé, sa gentillesse. Et puis son sérieux, son âpreté au travail, sa fidélité à la France ». Elle qui fut la première à marcher au pas et au son du canon pour défendre l’Alsace et une partie de la Lorraine occupée, annexée, volée par l’ennemi. S’imagine-t-on en Alsace.

« Sein, quart de la France », s’écrie le Général de Gaulle en 1940 lorsqu’il voit arriver (débarquer) à Londres les pêcheurs venus de l’île lointaine, au large d’Audierne et des flots déchaînés, qui ont bravé la mer et les intempéries pour répondre à l’appel du 18 juin et rejoindre les premiers membres de « la France Libre » en voie de constitution. Lui qui imagina « le réduit breton », recommandant à Paul Reynaud, après la débâcle de 1940, de transférer le gouvernement de la France à Quimper, note dans ses « Mémoires de Guerre » : « Quimper était l’étape vers les décisions énergiques ». Et c’est à Quimper encore qu’il prononce, le 2 février 1969, son discours annonçant le référendum sur la réforme régionale qui allait entraîner son départ.

Ah, Quimper, les quais de l’Odet, la cathédrale Saint-Corentin, les placettes aux pavés disjoints, les maisons à colombage si charmeuses ! Bref, un petit Strasbourg…. Comme si le grès cousinait avec le granit, l’Ill avec l’Odet, comme si les bâtisseurs d’ici avaient donné le « la » à leurs confrères de là-bas. J’imagine Max Jacob attendant Pablo Picasso à la brasserie de l’Epée, comme j’imagine Maxime Alexandre devisant à la brasserie du Tigre avec Louis Aragon.

J’arrête là ma comparaison ou plutôt cette succession d’analogies qui s’impose. Je suis en Alsace, le matin tôt dans ma maison de Saint-Jean. Je fais mon thé, que j’accompagne de galettes bretonnes au beurre demi-sel. Il fait ciel bleu et soleil sur la terrasse face aux Vosges. C’est presque le paradis. Manque une brise venue de la mer, ou plutôt le grand océan lui-même, comme à Sainte-Marine, Quiberon, Cancale, Penmarch, Douarnenez ou Loctudy. »

A propos de cet article

Publié le 25 décembre 2010 par

La Bretagne … vue d’Alsace” : 1 avis

  • Haas

    Je viens de m’y installer et ne peux qu’acquiesser … Même s’il pleut le soleil revient tous les jours et chez moi à Douarnenez les couleurs du ciel et de la mer changent sans arrêt et sont un ravissement pour les yeux.
    Je passe souvent devant la stèle de Max Jacob à côté de la chapelle St Jean à Treboul quand je vais dire bonjour à la sépulture de John Antoine Nau notre 1 er prix Goncourt …
    La Bretagne est aussi conviviale que l’Alsace mais il manque le kougelhopf et la bonne viande fumée à choucroute, et le gendarmes ( ceux qui sont à manger …)

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