La Tête de Lard
« Lyon: une tête de lard au coeur de la ville »
La maison, sur les pentes de la Croix Rousse, paraît avoir toujours été là . Il y a pourtant moins de dix ans que les Blanc l’ont rachetée, redécorée, imaginée et, pour tout dire, recréée. Papa Bernard, ex imprimeur, saisi par le virus du bon aubergiste, l’a portée à bout de bras avec prestance, recevant avec civilité, annonçant sa retraite avec discrétion. Le fiston Yoann est désormais aux commandes, jouant les cuisiniers discrets, efficaces et sereins, comme un parangon moderne de la tradition lyonnaise.
Là , dans ce cadre rustique, avec pierres apparentes, comptoir à l’entrée, boiseries à mi hauteur, banquettes revues en rouges, le Lyon de toujours retrouve des couleurs. Nous sommes là à deux pas de la place des Terreaux et du musée des Beaux Arts, non loin de l’Opéra local. Autant dire au cœur des choses.
La cuisine servie est bien à l’image de ce qu’on peut rêver là . Salade de lentilles et cervelas avec ses condiments vinaigrés, œuf poché en meurette, quenelle de brochet sauce Nantua, poêlée de cervelle d’agneau meunière, tripes à la lyonnaise revues en légèreté avec vin blanc, oignons, vinaigre, gratin dauphinois bien crémé, cervelle de canut, tarte aux pralines, poire pochée au caramel font carrément plaisir.
Yoann, qui a travaillé jadis à la Villa Florentine, sous les ordres de Stéphane Gaborieau, puis de Davy Tissot, connaît la musique. Il propose le registre « tradi » du bouchon classique revu à l’aune de la légèreté. Le public, fidèle, ne s’y trompe pas qui vient se faire fête en cédant, quasiment à l’aveugle, aux propositions du moment.
Ce sera un jour le boudin aux pommes, l’autre l’andouillette en croûte sauce moutarde, l’autre encore la tête de veau et sa gribiche ou l’onglet avec sa sauce au marcellin. Bref, du généreux, du solide, du lyonnais. Que diable ! On est sur la presqu’île. Et il ne s’agit pas de trahir le cÅ“ur de Lyon.