Solec 44
« Varsovie: les élucubrations d’Aleksander »
Il est polonais pur jus, pur cru, a travaillé longtemps en Ecosse à Edimbourg, est revenu au pays ouvrir sa table, dans un pavillon, qui fut une ancienne discothèque plus ou moins bien famée et semble retrouver, sous sa houlette, une vocation de maison de quartier pour tous. On peut, au gré des salles diverses, décorée dans un style années 1950-1970, un tantinet intemporel, boire, discuter, jouer aux cartes ou à des jeux de société. Mais sans oublier de goûter aux saveurs de Pologne, improvisées avec cœur.
Bien sûr, il y a là des folies, des bizarreries, des curiosités plus amusantes que bonnes, mais aussi des essais francs, une démarche sincère, une envie de faire connaître les goûts de son pays. Ainsi, sur le thème de la carpe, qui est, en Pologne, le poisson de Noël, Aleksander propose la tête du poisson fumée au beurre fumé (ou l’intérieur se mange!), puis le bortsch (franchement acide) avec ses ravioles de carpe, sa laitance de carpe et de l’aneth, ensuite le bigos de carpe où la choucroute est remplacée par le chou frisé genre chou kale avec cannelle, vin rouge, vinaigre de fleur de sureau.
Là dessus l’hydromel de framboise de Michat Galek, l’eau de vie issue de première distillation de blé Polmos Siedice, le blanc johannisberg de Biskowice et la liqueur de noix de Zbigniew Sierszula font sillonner une Pologne liquide fort charmeuse.
On ajoute le fromage de vache genre tomme persillée, à la fois fondante et liquide, de Mazurie, fort savoureuse, ou encore, en issue du menu dégustation à base de carpe, la bizarroïde laitance franchement mal accordée au miel de framboise et au lichen des rennes (et on oublie le jaune d’œuf emprisonné dans du charbon de bois, servi en amuse-gueule): une finale qui fait tiquer franchement…
Bref, du bon, du gentil, du plein d’enthousiasme… et du beaucoup moins bon. On trouve tout ça ici, dans un cadre amusant, avec une ambiance jeune et bruyante qui force la sympathie.