Lagardère Paris Racing

Notre bavard de service, l’avocat gourmet Didier Chambeau, dresse un éloge fleuve d’un lieu culte et exclusif qui se renouvelle… Suivez-le au Racing…

Yariv Berreby © DC

So chic ! Petite révolution au Racing, Croix Catelan, l’un des endroits les plus « private » de Paris, qui a ouvert au public depuis juillet 2015 tous les midis et soirs de la semaine du mercredi midi au samedi soir les portes de son restaurant devenu gastro, pour le plaisir des gourmets, curieux de découvrir (mais exclusivement du regard) les tennis, la piscine, le bar et les pelouses. Plus besoin donc de passer l’examen de motivation et les parrainages pour franchir les sacro saintes barrières de ce club très prisé de ses membres, qui viennent ici pour le sport et la détente, le bon air du bois de Boulogne, bref un petit privilège une fois oubliée la nuit du 4 août 1789.

Oeuf mollet © DC

On traverse un premier salon avant d’entrer dans une salle à manger de club house qui donne sur l’immense pelouse, vue sur la piscine au loin, un long mur végétal au dessus des profondes banquettes basses en velours gris ou noir, clin d’œil pour rappeler à la verticale les vraies valeurs d’un terrain de tennis à l’anglaise, des tables noires en bois et fauteuils de velours rouge, marron et beige, une moquette rouge pour donner de la vivacité au lieu. Certes, le chef Yariv Berreby, ancien de Ferrandi, passé au Meurice avec Alleno puis chef du KGB, comprendre Ze Kitchen Galerie Bis avec William Ledeuil, qui supervise le BAT du boulevard Montmartre, donne ici tout son temps avec un savoir doublé d’une belle maîtrise.

Lapereau farci © DC

Il souhaite sortir d’une cuisine standard de club pour amener ici une touche d’exotisme avec des produits de qualité, des légumes de chez Joël (Thiebault) et la viande de chez Huguenin. Petite mise en bouche délicieuse, une croquette de Saint-Pierre et chorizo, condiment piquillos qui met en appétit. L’œuf mollet, mouillettes façon baba, cèpes grillés, jus de persil et celeri est une entrée légère et goûteuse ; le lapereau farci avec pistaches et pêches jaunes, condiment mostarda, est aussi gourmand que visuel. On se régale de cet agneau de l’Aveyron, rôti, accompagné d’un original risotto de betteraves au goût de racine rustique et raffiné, céleri et crème de mascarpone. La volaille blanche rôtie est fondante, avec ses cocos de Paimpol et maïs grillé, crème de coco tomatée.

La volaille blanche © DC

Les desserts sont signés Joris Etienne, ancien pâtissier de Michel Rostang, qui vient ici finir le set avec une jolie balle de match : délicieux biscuit chocolat pécan, parfait caramel crème légère, chocolat noir Abinao 85 %, ou croustillant pêche cassis, infusion de thé boléro, sorbet pêche blanche d’une belle légèreté pour une sortie de court en beauté. Les vins sont à prix variable selon l’envie ou les moyens, raisonnables ou de haute volée. Une cuisine en fraîcheur et finesse qui permet pour les clubistes de pratiquer leur sport en salle ou sur le court, ou finir l’après midi à la piscine sans crainte de faire une brasse coulée…

Biscuit chocolat pecan ©  DC

Le côté club de cette maison se retrouve dans la simplicité et la gentillesse d’un service attentif. Challenge réussi, des plats plein d’idées, une cuisine qui est à niveau pour attirer les visiteurs non membres, lesquels doivent repartir avec le sentiment qu’adhérer n’est pas seulement un privilège de sportif mais aussi celui d’un gastronome. Sur le chemin de la sortie, on se plait à regarder les pelouses, imaginant venir l’été pour le brunch du dimanche, l’avantage d’être membre, un petit coin de campagne, pour ainsi dire un petit coin de paradis !

La salle de restaurant © DC